Pieds nus et aveugle, il a marché 15 km
Carlo De Marco a fait les quinze kilomètres de la Marche du Pardon pour aider les gens malades
La Marche du Pardon est déjà un défi en soi, mais Carlo De Marco a fait la quinzaine de kilomètres pieds nus pour souligner le Vendredi saint, hier. En plus, il est aveugle.
Presque sans aide, l’homme de 53ans avec une grosse barbe grise a déambulé dans les rues vêtu d’une longue toge brune, bâton blanc à la main. Une dame lui a tenu le bras seulement pour tourner les coins de rue.
«Ça ne me dérange pas d’être pieds nus. Ça ne fait pas mal. Je le fais tout simplement pour les gens malades», a expliqué au Journal l’homme nonvoyant.
M. De Marco participe à la Marche pieds nus depuis «au moins une vingtaine d’années».
«C’est l’occasion pour moi de transmettre mon message. Ce que les gens voient, ça ne vaut rien. La vraie richesse, c’est la parole. Mais le peuple ne veut plus écouter aujourd'hui», a-til déclaré à n’importe quel participant qui s’arrêtait pour l’écouter.
1000 PÈLERINS AU RENDEZ-VOUS
Vers 7 h 30 hier matin, au moins 200 pèlerins ont entrepris la marche avec Carlo De Marco à la Cathédrale StMaron, à proximité du métro HenriBourassa en direction de l’Église StDenis.
Plusieurs fidèles sont venus prier avec le non-voyant, lui faisant remarquer son courage.
«C’est vraiment admirable de sa part», souligne Lucie.
L’homme, qui a affirmé avoir étudié en théologie, dit avoir été mis sur terre pour «vous aider à porter votre croix lorsque vous avez des difficultés».
Le passage du cortège a été remarqué dans les rues de Montréal. Les policiers du SPVM ont escorté les participants en moto et en auto-patrouille, alors que des prières étaient retransmises dans des haut-parleurs.
UNE CROIX ET JÉSUS
Au fur et à mesure que la marche avançait, des participants s’ajoutaient.
Selon un des organisateurs Jean Laberge, plus de 1000 personnes ont pris part à la traditionnelle marche, «qui s’est très bien déroulée, sans anicroche».
Un camion avec une croix de deux mètres a ouvert la procession. Un homme, déguisé en Jésus, a guidé les pèlerins dans les rues de Montréal.
Tarek Henud et ses cinq enfants âgés de 6 à 14ans, de Victoriaville, se sont levés à 4h du matin pour s’assurer d’arriver à temps.
«Ça fait dix ans qu’on le fait. C’est une journée très importante pour nous et je veux l’inculquer à mes enfants», dit l’homme d’origine libanaise.
Il souhaite que «les Marches du Pardon un peu partout sur la planète puissent inspirer la paix».
ACTE DE FOI
Au moins une centaine de représentants de l’Église Saints-Martyrs-Coréens ont fait acte de présence.
«Il faut démontrer notre foi aujourd’hui. C’est une grande journée», a révélé à son tour Thomas Lee, tout en priant dans sa langue maternelle.
Après l’Office du Vendredi saint, la marche a été exceptionnellement prolongée de deux kilomètres pour souligner le 375e anniversaire de la ville de Montréal.
Vers l’heure du souper, la marche a repris et les pèlerins se sont rassemblés sur l’esplanade du Mont-Royal.
L’évêque auxiliaire du diocèse de Montréal, Mgr Alain Faubert, a présidé une cérémonie d’une quinzaine de minutes.
Plus d’une centaine de personnes étaient présentes pour conclure la marche.
«Nous avons pu célébrer la croix plantée par Maisonneuve», a ajouté en guise de conclusion Jean Laberge.
« Ça ne me dérange pas d’être pieds nus. Ça ne fait pas mal. Je le fais tout simplement pour les gens malades » – Carlo De Marco