Une entreprise recrute des Asperger au Québec
Une entreprise informatique qui recrute exclusivement des Asperger espère ouvrir à Montréal un bureau conçu sur mesure pour ces personnes, dont l’intégration dans un milieu de travail «normal» est souvent un défi.
«Il y a des compagnies qui embauchent des autistes par charité, par devoir social, mais nous, on vise la performance, explique Frédéric Vezon, cofondateur d’ASPertise, une boîte de développement web. La majorité des Asperger ont une intelligence égale, sinon supérieure à celle des gens normaux.»
Mais l’environnement professionnel est crucial pour leur permettre de performer au travail, estime-t-il.
Lumières tamisées, aires de repos, horaires personnalisés, consignes claires, service de navette de la maison au bureau pour éviter le transport en commun, ASPertise est prêt à tout pour accommoder ses employés. L’entreprise dit offrir des salaires compétitifs, les mêmes que les autres compagnies dans le domaine des technologies, sans toutefois souhaiter dévoiler les chiffres exacts.
Le projet, lancé en France, compte une dizaine d’employés en Europe et commence maintenant à recruter au Québec. Les patrons recherchent des autistes de haut niveau et des Asperger [voir définitions ci-dessus] pour bâtir une entreprise concurrentielle dans le secteur du développement web, du traitement de données et de la cybersécurité.
BESOINS PARTICULIERS
«Les besoins sont différents d’une personne à l’autre. Certains ne supportent pas le bruit, d’autres les lumières trop fortes. Il y en a qui ne tolèrent pas le travail d’équipe. On doit s’attarder aux besoins spécifiques de chaque employé», explique le cofondateur et neurobiologiste spécialisé dans le syndrome d’Asperger, Bruno Wicker.
Contrairement aux autres employés, l’autiste évitera les discussions autour de la machine à café le matin. Pour lui, les interactions sociales sont un défi quotidien qu’il n’arrive à surmonter qu’au prix d’énormes efforts. Sans compter qu’il est souvent «bizarre», direct et qu’il a horreur des imprévus et des consignes floues.
«On demande aux autistes de s’adapter aux entreprises, alors que leur condition en soi ne le leur permet pas. C’est une grave erreur, lance M. Vezon. Ça devrait plutôt être le contraire.»