Le Journal de Montreal

Après la coupe

Quatre décennies à courir

- MARC DE FOY marc.defoy @quebecorme­dia.com

Adjoint au directeur général des Rangers, Jim Schoenfeld fait à la fois figure d’éminence grise et de grand-père bienveilla­nt auprès des joueurs de l’équipe. Aucun d’eux ne passe à côté de lui sans le saluer ou lui donner une tape sur l’épaule. Les joueurs le respectent et il les comprend.

Schoenfeld a vu neiger. Il a amorcé en 1972 avec les Sabres de Buffalo une carrière de 13 saisons dans la Ligue nationale comme défenseur.

Il était une figure fort populaire à Buffalo. Il était un des joueurs les plus accessible­s de la ligue.

À ses trois premières saisons, il a endisqué deux microsillo­ns de chansons populaires du temps avec l’aide d’un producteur et chanteur bien connu de la ville.

Quand on le lui rappelle, il répond qu’il y a très longtemps de ça. Comme si c’était arrivé dans une autre vie.

«J’ai massacré plusieurs chansons», laisse-t-il tomber avec un sourire.

Mais il a vendu quand même pas mal de disques.

«Parce que j’étais un joueur de hockey», ajoute-t-il.

UNE BAGARRE MÉMORABLE

C’était la belle époque du hockey à Buffalo. Entrés dans la LNH en 1970, les Sabres étaient la nouveauté en ville.

Gilbert Perreault, premier choix au repêchage de l’histoire des Sabres, était l’enfant chéri des amateurs. La French Connection est née avec l’arrivée de Richard Martin et René Robert.

Les Sabres sont vite devenus une attraction à travers la ligue. Ils jouaient comme le Canadien.

Cinquième choix de la cuvée 1972 du repêchage, Schoenfeld était un meneur qui n’avait peur de personne. À sa première saison, il a livré un furieux combat à Wayne Cashman, là où la resurfaceu­se sortait sur la glace au vieil Auditorium de Buffalo.

Les portes s’étaient ouvertes sous l’impact d’une mise en échec qu’il avait appliquée au robuste attaquant des Bruins. La bagarre a éclaté à l’extérieur de la patinoire. L’incident est disponible sur YouTube.

PERTE TRAGIQUE

Les Sabres ont participé aux séries éliminatoi­res dès leur troisième saison dans la ligue.

«On a perdu au premier tour contre le Canadien [qui a remporté la coupe cette année-là], mais on a fait un pas en arrière l’année suivante en ratant les séries», relate Schoenfeld.

Les Sabres ont subi deux grosses pertes cette saison-là. Tim Horton, fondateur de la chaîne de beignets portant son nom, a perdu la vie dans un accident de la route et Perreault a été tenu longtemps à l’écart du jeu en raison d’une blessure.

«Tim était mon partenaire de jeu et mon mentor, raconte Schoenfeld.

«C’est le joueur le plus fort qu’il m’a été donné de voir depuis que je suis dans le monde du hockey. Ses funéraille­s furent une véritable procession à Toronto. Il y avait des gens des deux côtés de la rue pour regarder passer le cortège. Sa perte m’a donné un dur coup.

«J’ai toujours eu le sentiment, du moins en ce qui me concerne, que sa mort tragique avait galvanisé nos troupes l’année suivante. Cet épisode nous a fait apprécier la vie davantage. Les joueurs se tenaient en haute estime.»

VICTOIRE CONTRE LE CANADIEN

À sa première saison dans le rôle de capitaine en 1974-1975, les Sabres ont connu la meilleure saison de leur histoire avec une récolte de 113 points, sommet égalé par l’édition 2006-2007.

Leur victoire sur le Canadien en demifinale fut célébrée comme une conquête de la coupe Stanley.

«Plusieurs milliers de personnes, 5000 je crois, nous avaient accueillis à notre descente d’avion, continue Schoenfeld.

«Nous n’étions qu’à notre cinquième année dans la ligue. Nous étions populaires. J’ai adoré mes années à Buffalo.

«C’est une belle ville pour élever une famille. Nous avions une relation amicale avec les amateurs. Comme il s’agit

Adjoint Au dG des RAnGeRs, jim schoenfeld A connu lA belle époque des sAbRes et de lA fRench connection

d’une petite communauté, nous avions l’impression que tout le monde se connaissai­t.

«La ville nous avait adoptés. Ça allait de pair avec la philosophi­e des propriétai­res de l’équipe, Seymour et Northrup Fox, qui étaient animés par un grand esprit de famille.»

LEÇON À RETENIR

Malheureus­ement, les Sabres se sont inclinés en finale contre les Flyers de Philadelph­ie, version des Broad Street Bullies, qui en étaient à un deuxième championna­t consécutif. Leurs gardiens étaient Gerry Desjardins et Roger Crozier, qui ne possédaien­t pas la notoriété de leur vis-à-vis Bernard Parent.

«Nos gardiens étaient bons, mais Parent était sensationn­el, reprend Schoenfeld.

«Bernard a remporté le trophée Conn Smythe lors des deux conquêtes de la coupe des Flyers. Nous avions une jeune équipe et je croyais bien que nous retourneri­ons en finale dans les années suivantes. Mais ça n’est pas arrivé.

«La leçon que nous avons apprise est encore bonne aujourd’hui. Il vaut mieux profiter de l’occasion quand elle se présente, car ça risque de ne plus se reproduire.»

Quatre décennies plus tard, à 64 ans, Schoenfeld court toujours après sa deuxième chance.

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