Le Journal de Montreal

Il veut donner une leçon à Amir Khadir en le poursuivan­t

Un entreprene­ur ne comprend pas pourquoi le député l’a accusé sans raison

- Michaël Nguyen MNguyenJDM

Un entreprene­ur autrefois associé à Tony Accurso veut donner une leçon au député Amir Khadir en lui réclamant 300 000 $ pour l’avoir associé au financemen­t illégal des partis politiques.

«Je souhaite qu’il fasse attention pour ne pas attaquer les réputation­s. Avant de parler, on m’a appris qu’il faut se tourner la langue», a affirmé Marcel Mélançon à l’ouverture du procès civil hier.

M. Mélançon, 71 ans, reproche au député de Québec solidaire d’avoir tenu des propos diffamatoi­res deux fois en 2013, sur les ondes du 98,5 FM.

FAUX SELON LUI

«Mais les cocktails de financemen­t où étaient là des SNC Lavalin, où étaient des compagnies pharmaceut­iques, des compagnies de constructi­on, organisés par Marcel Mélançon, c’était monnaie courante, avait dit M. Khadir. C’est celui qui donnait le cours 101 de financemen­t illégal à Jean Brault, qui en a parlé en Commission Gomery.»

Selon M. Mélançon, ces propos sont faux puisqu’il n’avait participé au financemen­t du PQ qu’en 1995, lors du référendum, et à titre bénévole.

M. Khadir s’était rétracté et M. Mélançon croyait l’affaire terminée, mais le député en aurait remis le mois suivant, toujours à la radio.

«Je me sentais tellement floué et attaqué sans raison, a témoigné M. Mélançon. Je ne connais pas M. Khadir, j’ai du respect pour sa profession, je ne comprends pas pourquoi je me fais beurrer comme ça.»

DOMMAGES

À cause des déclaratio­ns du député de Mercier, l’entreprene­ur dit avoir souffert d’insomnie. Son travail a aussi été affecté, a-t-il ajouté.

«J’ai deux associés qui ne comprenaie­nt pas pourquoi on était sur la sellette», a-t-il dit au juge Brian Riordan de la Cour supérieure du Québec.

Il affirme que ses enfants lui ont aussi posé des questions, et un beau-frère l’aurait même traité de «bandit à cravate».

«Je ne suis pas un gars qui s’amuse à poursuivre tout le monde, mais je suis rendu à un point où j’ai mon voyage, a-til dit. Ce que je souhaite, c’est qu’on me foute la paix.»

ACCURSO

M. Mélançon s’est aussi dit excédé d’être associé à Tony Accurso, un ex-entreprene­ur souvent cité lorsqu’il est question de corruption dans la constructi­on. C’est que M. Mélançon n’aurait plus de lien d’affaires avec lui depuis 1999.

«Dire que je suis un ex-associé de Tony Accurso, c’est très péjoratif, ça fait du mal, mais politiquem­ent, c’est rentable et ça, je ne le prends pas», a-t-il dit.

Amir Khadir conteste de son côté la réclamatio­n de l’entreprene­ur. Il devrait d’ailleurs témoigner aujourd’hui pour sa défense.

Dans un court point de presse à la fin des audiences, il a toutefois expliqué qu’il était important de débattre du «financemen­t corrompu des partis» politiques, qui relève du débat public.

Il a ajouté qu’il ne fallait pas «blâmer les individus», mais qu’un changement dans le système était nécessaire.

Le député a conclu en affirmant que cette poursuite civile engorgeait le système judiciaire, surtout dans un contexte où les délais de cour font régulièrem­ent les manchettes.

« JE NE SUIS PAS UN GARS QUI S’AMUSE À POURSUIVRE TOUT LE MONDE, MAIS JE SUIS RENDU À UN POINT OÙ J’AI MON VOYAGE. » – L’entreprene­ur Marcel Mélançon

 ??  ?? Amir Khadir (photo), à qui un entreprene­ur réclame 300 000 $ pour diffamatio­n, devrait témoigner aujourd’hui à Montréal.
Amir Khadir (photo), à qui un entreprene­ur réclame 300 000 $ pour diffamatio­n, devrait témoigner aujourd’hui à Montréal.
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada