«Trumpistes», je m’ennuie de vous !
Sérieusement, où êtesvous passés? Vous me manquez! Je me sens abandonné.
Pendant des mois avant son élection, chaque chronique que j’écrivais sur Donald Trump me valait, de votre part, une belle pluie de critiques et de messages d’admiration à son endroit.
Vous réclamiez même un «Trump québécois»: le nouveau shérif en ville qui botterait tous les culs qui le méritent.
Depuis janvier, vous me négligez. Êtesvous à court d’arguments, d’insultes, de pseudonymes? Je peux aider?
DÉPIT
À vue d’oeil, votre détachement me semble avoir traversé cinq phases assez clairement identifiables.
D’abord, vous disiez que j’étais frustré par sa victoire. Puis, vous m’avez dit qu’il avait droit à la chance au coureur.
Ensuite, vous avez dit que les médias s’acharnaient sur lui. Personnellement, je trouvais «spécial» que l’on qualifie d’acharnement le simple exposé de mensonges et de contradictions.
Puis, vous m’avez dit qu’il faudrait critiquer davantage les dirigeants de notre pays que celui du pays voisin. Puis, plus rien. Silence radio. Remarquez que je vous comprends un peu.
L’an dernier, Trump disait que l’OTAN était «obsolète». Aujourd’hui, elle ne l’est plus.
L’an dernier, la Chine était un bandit de grand chemin au plan économique. Aujourd’hui, elle est un partenaire essentiel, traité avec tous les égards dus à son rang.
L’an dernier, les États-Unis ne devaient pas s’impliquer au MoyenOrient. Aujourd’hui, on tire des missiles sur les troupes d’Assad.
L’an dernier, la Russie était le partenaire avec lequel on allait forger l’alliance qui viendrait à bout du terrorisme islamique. Aujourd’hui, le Secrétaire d’État américain parle d’un low level of trust entre les deux pays.
Quand Trump ne change pas de direction et fonce, c’est avec un mur qu’il fait connaissance.
L’abolition et le remplacement de l’«Obamacare» n’ont pas été stoppés par la sinistre cabale des démocrates et des méchants médias, mais par les élus républicains eux-mêmes.
Unanimement opposés à l’«Obamacare», ils ne purent s’entendre entre eux sur ce qu’ils devaient mettre à sa place. Rien en bout de course. Superbe leadership présidentiel.
Maintenant, Trump veut s’attaquer aux traités de libre-échange, alors que nombre de républicains… ne veulent pas y toucher au départ. Ça promet.
ILLUSION
Se pourrait-il que seuls les méchants médias pensent ainsi? Hmm…
Mardi avait lieu le premier tour d’une élection partielle dans une circonscription de la Géorgie détenue par les républicains… depuis 40 ans.
C’est le candidat démocrate, un parfait inconnu, qui est arrivé largement en tête.
Un épiphénomène provoqué par un microclimat local?
Lundi, un sondage Gallup révélait que le pourcentage d’Américains qui trouve que Trump remplit ses engagements a chuté de 17points en deux mois.
La morale de cette histoire est double.
D’abord, les problèmes compliqués appellent des réponses nuancées, réfléchies, mûries. Pas des slogans ou des coups de gueule.
Ensuite, quand on croit être devant une aubaine, on prend le temps de lire les petits caractères et d’inspecter la marchandise.
Les problèmes compliqués appellent des réponses nuancées, réfléchies, mûries. Pas des slogans ou des coups de gueule.