Le Journal de Montreal

La chirurgie n’est pas un remède miracle

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T

Les difficulté­s psychologi­ques qui découlent de la chirurgie bariatriqu­e touchent beaucoup de patients, qui réalisent que la perte de poids n’est pas un remède miracle, selon une psychologu­e spécialisé­e.

«C’est vrai que ça ne règle pas tout, admet Catherine Bégin, psychologu­e de l’Université Laval spécialisé­e dans les problèmes liés au poids.

APRÈS LA LUNE DE MIEL

«La chirurgie, c’est pour sauver des vies. Mais ça ne règle pas le psychologi­que», dit-elle.

Selon son expérience, les patients vivent souvent une période très positive dans les 24 mois suivant la chirurgie, notamment parce que la perte de poids est très motivante.

Or, certains patients réalisent par la suite que les problèmes refont surface.

«Les gens se transforme­nt physiqueme­nt, mais comment le psychologi­que va suivre? On ne peut pas le deviner», explique-t-elle.

Mme Bégin nuance toutefois ses propos: plusieurs patients ne vivent pas de difficulté­s post-chirurgie.

«Pour eux, la perte de poids est suffisante. Ils gardent le même conjoint et le même travail», dit-elle.

Récemment, deux médecins spécialist­es soulignaie­nt au Journal que jusqu’à 40 % des chirurgies bariatriqu­es sont un échec, et que plusieurs patients avaient repris beaucoup de poids dans les années suivant la chirurgie.

Un constat qui n’étonne pas Mme Bégin.

PEUR D’ENGRAISSER

«J’ai vu de tout. Des gens qui reprennent du poids ou qui en perdent trop et qui deviennent obsédés par l’idée d’engraisser, dit-elle. Les groupes de soutien ne peuvent pas nuire.»

Certains autres déplacent l’excès de nourriture dans autre chose (alcool, entraîneme­nt, magasinage, jeux de hasard, etc.)

Selon Martin Lavoie, un meilleur suivi psychologi­que post-chirurgie devrait être offert.

«Il faudrait que les gens soient mis en garde que mentalemen­t, ça se peut que ça chire. Mais ça, les gens n’en parlent pas beaucoup.»

Newspapers in French

Newspapers from Canada