Denis Coderre : le Cicéron du pauvre
À Montréal où l’on parle de hockey et de baseball pour distraire la plèbe des vrais problèmes, le maire Denis Coderre a déboursé 250000$ – dont 184 000 $ l’an dernier – pour faire rédiger des discours souvent insignifiants.
Que ce soit aux hôtels de ville de Sherbrooke, Trois-Rivières ou Verdun, voire de Québec, les maires généralement disposent d’attachés de presse pour fignoler leurs discours. C’est normal en politique. Par exemple, le Brian Mulroney qui parle de réintégrer la confédération «dans l’honneur et dans l’enthousiasme» prononce alors une formule inventée pour lui par un habile rédacteur: Lucien Bouchard.
Si les «frais oratoires» de Coderre nous valaient des discours inspirés et inspirants qui élevaient le niveau du débat politique, je les jugerais bien investis. Or, le maire de Montréal reste un orateur vulgaire – et il le fait exprès! – qui multiplie les anglicismes quétaines.
MOTS VIDES
Le maire Coderre a coûté neuf fois plus cher en discours que ses trois prédécesseurs ensemble, nous apprenait ma collègue Améli Pineda la semaine dernière. Aucune de ses allocutions à parfois plus de 300 $ du feuillet n’a pourtant eu d’échos. Aucune formule mémorable. Juste des lieux communs anodins.
La moitié de ses 400 discours ont été rédigés par des pigistes. Pour une moyenne de 1250 $ pièce. À ce prix, on s’attendrait à un peu d’éloquence.
ENDORMIR POUR GAGNER
Mais le premier magistrat n’a pas commandé 250000$ de discours pour aborder de front les questions épineuses ou historiques: les quêteux qui se multiplient dans ses rues trouées, l’augmentation des graffitis et des tags, le rôle fondateur de Maisonneuve et Jeanne Mance, son conseil municipal le plus gros du monde avec 10 arrondissements en trop, etc.
Les mots et les discours peuvent avoir deux fonctions opposées: éveiller ou endormir. Et si le maire Coderre a dépensé un quart de million, c’est pour qu’en novembre prochain, l’électorat roupillant le reporte machinalement au pouvoir... ce qui va bien sûr arriver!