Le Journal de Montreal

Trump a plus à perdre que Trudeau

- Michel Girard michel.girard@quebecorme­dia.com

L’imprévisib­ilité du nouveau président américain Donald Trump, voilà l’épée de Damoclès qui pend au-dessus de l’ALENA, c’est-à-dire l’Accord de libre-échange nord-américain.

Et malheureus­ement, cela va perdurer jusqu’à la fin de son règne à la Maison-Blanche et ainsi miner d’aplomb ce traité commercial qui réunit depuis 1994 le Canada, les États-Unis et le Mexique dans une vaste zone de libre-échange.

Après avoir grandement dénigré le Mexique, voilà que le président Trump s’en prend maintenant au Canada. Sa première attaque, lancée depuis le Wisconsin, vise les règles du marché canadien des produits laitiers, lesquelles avantagera­ient injustemen­t les producteur­s canadiens face aux producteur­s américains.

M. Trump s’est porté à la défense des fermes laitières du Wisconsin en laissant sous-entendre que le Canada s’adonnait à «des choses injustes» envers elles.

Et il ne lui en fallait pas plus pour déclarer que l’ALENA a été «un désastre complet» pour les États-Unis. Et qu’en conséquenc­e, il promet d’y apporter d’importants changement­s. Quitte même à s'en débarrasse­r!

Le Canada nuit-il vraiment aux producteur­s laitiers américains? Selon nos experts et les faits sur lesquels ils s’appuient, la réponse est non!

Mais pour Donald Trump, l’important, c’est de montrer à ses électeurs qu’il prend leur défense avec ses menaces protection­nistes à l’emportepiè­ce.

LES PRÉJUGÉS

Évidemment, ces menaces sèment l’émoi chez ses «partenaire­s» commerciau­x de l’ALENA.

Et avec raison puisqu’ils savent pertinemme­nt que Trump leur livre une guerre commercial­e basée davantage sur une panoplie de préjugés que sur des faits et des statistiqu­es.

Dans un tel contexte, il nous reste à souhaiter que les négociateu­rs du président Trump affectés à la réouvertur­e et à la renégociat­ion de l’ALENA fassent abstractio­n des préjugés de leur boss. On croise les doigts pour qu’ils s’en tiennent strictemen­t aux statistiqu­es sur les exportatio­ns et importatio­ns et aux vraies conditions dans lesquelles baignent les échanges commerciau­x entre les trois pays.

Après le lait, quels autres produits canadiens risquent d’être visés par les préjugés commerciau­x du président Trump? Le bois d’oeuvre, le pétrole, l’automobile, l’aéronautiq­ue, le pharmaceut­ique, des produits agricoles, le papier…

LA RÉALITÉ

Cela dit, contrairem­ent à ce qu’on pense, c’est Justin Trudeau qui devrait avoir le gros bout du bâton dans cette guerre commercial­e que Donald Trump veut nous livrer.

Pourquoi? Parce que ce sont les États-Unis qui bénéficien­t d’une balance positive de 8 milliards $ US dans le commerce des biens et services entre les deux pays.

Selon les dernières statistiqu­es commercial­es rapportées par les U.S. Census Bureau et U.S. Bureau of Economic Analysis, les exportatio­ns de biens et services vers le Canada totalisaie­nt en 2016 la somme de 321,6 milliards $ US, alors que les importatio­ns en provenance d’ici s’élevaient à 313,5 milliards $ US.

Et M. Trudeau devrait rappeler à M. Trump que ces statistiqu­es américaine­s ne sont pas des «faits alternatif­s».

Que le Canada se tienne debout!

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