Trump a plus à perdre que Trudeau
L’imprévisibilité du nouveau président américain Donald Trump, voilà l’épée de Damoclès qui pend au-dessus de l’ALENA, c’est-à-dire l’Accord de libre-échange nord-américain.
Et malheureusement, cela va perdurer jusqu’à la fin de son règne à la Maison-Blanche et ainsi miner d’aplomb ce traité commercial qui réunit depuis 1994 le Canada, les États-Unis et le Mexique dans une vaste zone de libre-échange.
Après avoir grandement dénigré le Mexique, voilà que le président Trump s’en prend maintenant au Canada. Sa première attaque, lancée depuis le Wisconsin, vise les règles du marché canadien des produits laitiers, lesquelles avantageraient injustement les producteurs canadiens face aux producteurs américains.
M. Trump s’est porté à la défense des fermes laitières du Wisconsin en laissant sous-entendre que le Canada s’adonnait à «des choses injustes» envers elles.
Et il ne lui en fallait pas plus pour déclarer que l’ALENA a été «un désastre complet» pour les États-Unis. Et qu’en conséquence, il promet d’y apporter d’importants changements. Quitte même à s'en débarrasser!
Le Canada nuit-il vraiment aux producteurs laitiers américains? Selon nos experts et les faits sur lesquels ils s’appuient, la réponse est non!
Mais pour Donald Trump, l’important, c’est de montrer à ses électeurs qu’il prend leur défense avec ses menaces protectionnistes à l’emportepièce.
LES PRÉJUGÉS
Évidemment, ces menaces sèment l’émoi chez ses «partenaires» commerciaux de l’ALENA.
Et avec raison puisqu’ils savent pertinemment que Trump leur livre une guerre commerciale basée davantage sur une panoplie de préjugés que sur des faits et des statistiques.
Dans un tel contexte, il nous reste à souhaiter que les négociateurs du président Trump affectés à la réouverture et à la renégociation de l’ALENA fassent abstraction des préjugés de leur boss. On croise les doigts pour qu’ils s’en tiennent strictement aux statistiques sur les exportations et importations et aux vraies conditions dans lesquelles baignent les échanges commerciaux entre les trois pays.
Après le lait, quels autres produits canadiens risquent d’être visés par les préjugés commerciaux du président Trump? Le bois d’oeuvre, le pétrole, l’automobile, l’aéronautique, le pharmaceutique, des produits agricoles, le papier…
LA RÉALITÉ
Cela dit, contrairement à ce qu’on pense, c’est Justin Trudeau qui devrait avoir le gros bout du bâton dans cette guerre commerciale que Donald Trump veut nous livrer.
Pourquoi? Parce que ce sont les États-Unis qui bénéficient d’une balance positive de 8 milliards $ US dans le commerce des biens et services entre les deux pays.
Selon les dernières statistiques commerciales rapportées par les U.S. Census Bureau et U.S. Bureau of Economic Analysis, les exportations de biens et services vers le Canada totalisaient en 2016 la somme de 321,6 milliards $ US, alors que les importations en provenance d’ici s’élevaient à 313,5 milliards $ US.
Et M. Trudeau devrait rappeler à M. Trump que ces statistiques américaines ne sont pas des «faits alternatifs».
Que le Canada se tienne debout!