Cancers du sang Percée majeure grâce à ce Montréalais
Des chercheurs ont trouvé pourquoi l’immunothérapie ne marche pas toujours
Des chercheurs montréalais ont fait une importante percée dans la lutte contre le cancer en découvrant presque par hasard pourquoi des traitements prometteurs fonctionnent sur certaines personnes et pas sur d’autres.
Quand son stagiaire postdoctoral l’a informé des résultats d’un des tests particulièrement significatifs, le Dr André Veillette a dit: «Quoi? Répète ça!» se souvientil.
Son équipe de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) a publié mercredi dans la prestigieuse revue Nature des résultats qui ont le potentiel de devenir incontournables dans la lutte contre les cancers du sang.
IMMUNOTHÉRAPIE
Depuis quelques années, plusieurs patients sont traités par immunothérapie, c’est-à-dire un traitement qui utilise le système immunitaire pour qu’il s’attaque au cancer (voir autre texte). «L’immunothérapie, c’est un pas de géant. Mais ce n’est pas bon pour tout le monde», avoue le Dr Veillette.
L’effet peut être miraculeux dans certains cas et complètement nul dans d’autres. En activant le système de défense du corps, l’immunothérapie peut même déclencher des maladies auto-immunes, comme le diabète.
Pourquoi cette différence d’un patient à l’autre? Le Dr Veillette ne cherchait même pas de remède contre le cancer quand il est tombé sur un début de réponse.
Il étudiait le fonctionnement du système immunitaire en recherche fondamentale, simplement pour mieux le comprendre, quand il a découvert l’effet d’une molécule appelée SLAMF7, qui se tient sur la surface de certaines cellules cancéreuses.
Cette molécule serait nécessaire pour que certains médicaments d’immunothérapie soient efficaces (voir autre texte). Avant de commencer le traitement, il serait donc préférable de vérifier que les cellules cancéreuses du patient possèdent le SLAMF7, ce qui peut facilement se faire grâce à un prélèvement de la tumeur.
Pour les patients qui n'ont pas la molécule, il pourrait être préférable d'opter pour la chimio ou la radiothérapie, explique le Dr Veillette.
MÉDECINE DE PRÉCISION
«Ça permettrait de sauver de l’argent et de sauver des vies, parce que tu [t’assures que] tu ne tues pas ton patient avec le médicament», estime le chercheur.
Peut-être même qu'un jour, grâce à d'autres recherches, les scientifiques sauront comment induire le SLAMF7 aux cellules qui ne l'expriment pas d'elles-mêmes.
«On s’en va de plus en plus vers une médecine de précision. C’est-à-dire qu’on ne donne pas la même pilule à tout le monde», explique-t-il.
Il faudra probablement attendre plusieurs années avant que cette découverte ne soit appliquée.
Mais en moins de 48 heures après la publication dans Nature, le Dr Veillette a déjà reçu des appels de compagnies pharmaceutiques intéressées par ses travaux.
« ON S’EN VA DE PLUS EN PLUS VERS UNE MÉDECINE DE PRÉCISION. C’ESTÀ-DIRE QU’ON NE DONNE PAS LA MÊME PILULE À TOUT LE MONDE. » – Dr André Veillette