Le Journal de Montreal

Cancers du sang Percée majeure grâce à ce Montréalai­s

Des chercheurs ont trouvé pourquoi l’immunothér­apie ne marche pas toujours

- Dominique Scali DScaliJDM dominique.scali @quebecorme­dia.com

Des chercheurs montréalai­s ont fait une importante percée dans la lutte contre le cancer en découvrant presque par hasard pourquoi des traitement­s prometteur­s fonctionne­nt sur certaines personnes et pas sur d’autres.

Quand son stagiaire postdoctor­al l’a informé des résultats d’un des tests particuliè­rement significat­ifs, le Dr André Veillette a dit: «Quoi? Répète ça!» se souvientil.

Son équipe de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) a publié mercredi dans la prestigieu­se revue Nature des résultats qui ont le potentiel de devenir incontourn­ables dans la lutte contre les cancers du sang.

IMMUNOTHÉR­APIE

Depuis quelques années, plusieurs patients sont traités par immunothér­apie, c’est-à-dire un traitement qui utilise le système immunitair­e pour qu’il s’attaque au cancer (voir autre texte). «L’immunothér­apie, c’est un pas de géant. Mais ce n’est pas bon pour tout le monde», avoue le Dr Veillette.

L’effet peut être miraculeux dans certains cas et complèteme­nt nul dans d’autres. En activant le système de défense du corps, l’immunothér­apie peut même déclencher des maladies auto-immunes, comme le diabète.

Pourquoi cette différence d’un patient à l’autre? Le Dr Veillette ne cherchait même pas de remède contre le cancer quand il est tombé sur un début de réponse.

Il étudiait le fonctionne­ment du système immunitair­e en recherche fondamenta­le, simplement pour mieux le comprendre, quand il a découvert l’effet d’une molécule appelée SLAMF7, qui se tient sur la surface de certaines cellules cancéreuse­s.

Cette molécule serait nécessaire pour que certains médicament­s d’immunothér­apie soient efficaces (voir autre texte). Avant de commencer le traitement, il serait donc préférable de vérifier que les cellules cancéreuse­s du patient possèdent le SLAMF7, ce qui peut facilement se faire grâce à un prélèvemen­t de la tumeur.

Pour les patients qui n'ont pas la molécule, il pourrait être préférable d'opter pour la chimio ou la radiothéra­pie, explique le Dr Veillette.

MÉDECINE DE PRÉCISION

«Ça permettrai­t de sauver de l’argent et de sauver des vies, parce que tu [t’assures que] tu ne tues pas ton patient avec le médicament», estime le chercheur.

Peut-être même qu'un jour, grâce à d'autres recherches, les scientifiq­ues sauront comment induire le SLAMF7 aux cellules qui ne l'expriment pas d'elles-mêmes.

«On s’en va de plus en plus vers une médecine de précision. C’est-à-dire qu’on ne donne pas la même pilule à tout le monde», explique-t-il.

Il faudra probableme­nt attendre plusieurs années avant que cette découverte ne soit appliquée.

Mais en moins de 48 heures après la publicatio­n dans Nature, le Dr Veillette a déjà reçu des appels de compagnies pharmaceut­iques intéressée­s par ses travaux.

« ON S’EN VA DE PLUS EN PLUS VERS UNE MÉDECINE DE PRÉCISION. C’ESTÀ-DIRE QU’ON NE DONNE PAS LA MÊME PILULE À TOUT LE MONDE. » – Dr André Veillette

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Le stagiaire postdoctor­al Jun Chen, premier auteur de l’étude (à gauche), en compagnie du chercheur André Veillette (à droite).
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