Le Journal de Montreal

Donald Trump inquiète les producteur­s laitiers

Le président américain a attaqué l’industrie canadienne deux fois cette semaine

- MARIE-ÈVE DUMONT marie-eve.dumont @quebecorme­dia.com

Les producteur­s de lait du Québec sont inquiets des propos de Donald Trump qui s’attaque à leur industrie et craignent pour l’avenir de leur ferme.

«Trump nous a en quelque sorte déclaré la guerre. De savoir que le président de la plus puissante nation du monde nous a dans sa mire, ça ajoute un stress», soutient Martin Nichols, producteur de lait à La Présentati­on, en Montérégie.

Donald Trump s’est attaqué à deux reprises à l’industrie laitière canadienne cette semaine dans ses discours.

Il a indiqué hier que des producteur­s sont poussés à la faillite dans le Wisconsin et dans l’État de New York en raison de pratiques récentes au Canada, sans préciser sa pensée.

M.Trump faisait probableme­nt référence au fait que les producteur­s canadiens ont négocié avec les transforma­teurs de lait pour offrir à bon prix leurs protéines de lait afin que ces derniers soient moins portés à se procurer le lait diafiltré aux États-Unis.

Le lait diafiltré est un concentré liquide utilisé pour faire du fromage. Il n’est pas soumis aux règles de quotas et n’est pas taxé comme les produits laitiers lorsqu’il arrive des États-Unis. Mais une fois au pays, il est considéré comme du lait par l’Agence canadienne d’inspection des aliments.

MONNAIE D’ÉCHANGE

Les producteur­s de lait ont peur que le président américain s’en prenne à la gestion de l’offre lors des renégociat­ions du traité de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.

Le système de gestion de l’offre permet de produire autant de lait que les besoins canadiens l’exigent et d’assurer un revenu stable aux producteur­s. Mais plus de 8% du marché canadien est déjà ouvert aux autres pays, dont les États-Unis, pour l’importatio­n. Les Américains, eux, importent seulement 2 % de produits laitiers.

«Ce qui est préoccupan­t, c’est qu’on peut servir de monnaie d’échange. On nous met de côté pour favoriser d’autres industries», s’inquiète Réjean Racine, producteur laitier à Brigham en Montérégie.

Le Canada a récemment ouvert une autre brèche dans la gestion de l’offre en laissant entrer 17700 tonnes additionne­lles de fromages européens avec l’accord Canada-Union européenne.

Si Donald Trump force le Canada à ouvrir plus ses frontières, «ça viendrait éroder les revenus petit à petit, en poussant lentement des producteur­s vers la sortie», insiste M. Nichols.

La fin de la gestion de l’offre pourrait mettre en péril nos fermes, selon les producteur­s.

Sébastien Lamontagne, jeune producteur de lait de 27ans, est très préoccupé par son avenir. Ce dernier hésite à faire des investisse­ments dans sa ferme devant l’incertitud­e notamment causée par les propos du président américain.

SOMMEIL AGITÉ

«Je ne dors pas très bien la nuit ces temps-ci. Je suis dans la relève, je veux que mon entreprise prospère, mais je suis tout le temps sur le frein», indique-t-il.

De son côté, la Fédération des producteur­s de lait reste optimiste en croyant que le gouverneme­nt canadien protégera les producteur­s canadiens, mais suit de près la situation.

Justin Trudeau a assuré hier que le Canada conservera son système de gestion de l’offre (voir autre texte).

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Réjean Racine craint que l’industrie laitière soit encore perdante dans les négociatio­ns avec les États-Unis.

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