Le Journal de Montreal

On lui trouve un trouble de santé mentale deux jours avant qu’il tue

- VALÉRIE GONTHIER La juge de la Cour supérieure Johanne St-Gelais indiquera le 9 mai prochain si elle entérine la sentence de huit ans de détention suggérée par les parties. valerie.gonthier @quebecorme­dia.com

Deux jours avant de tuer le jeune commis qui l’aidait dans son nouveau commerce, le propriétai­re d’un dépanneur avait été diagnostiq­ué avec un trouble de santé mentale, a-t-on appris hier lors de son plaidoyer de culpabilit­é.

Le 16 novembre 2013, Chao Peng a été tué à coup de planche de bois dans l’arrière-boutique du dépanneur de SaintJean-sur-Richelieu que ses parents venaient de vendre. Le jeune homme de 25 ans aidait alors Shao Jun Liu, le nouveau propriétai­re du commerce, afin de faciliter la transition.

Le matin du drame, le jeune homme est arrivé en retard au dépanneur. Il a été tué à peine 15 minutes après avoir rejoint l’accusé dans la remise. Son corps a été retrouvé peu après, par la conjointe de Liu. Elle avait dû demander de l’aide pour ouvrir la porte de l’arrière-boutique, qui avait été bloquée par des caisses de bière. La victime avait été frappée à plusieurs reprises à la tête.

Liu avait alors quitté les lieux en voiture. Sa fuite s’est terminée près d’une heure et demie plus tard, après qu’il eut causé un accident de la route. Légèrement blessé, il a été arrêté à sa sortie de l’hôpital, en après-midi.

Les policiers ont alors découvert une goutte de sang, qui s’est avéré être celui de la victime, sur un de ses souliers, peut-on lire, dans le résumé des faits déposé en Cour hier, dans lequel Liu reconnaît avoir causé la mort de la victime.

D’abord accusé de meurtre au second degré, il a plaidé coupable à une accusation d’homicide involontai­re.

SOLITUDE ET DOULEUR

En effet, l’accusé, qui a consulté son médecin de famille deux jours avant le drame, venait de recevoir un diagnostic de trouble de l’adaptation, a-t-on relaté en Cour hier. Des antidépres­seurs lui ont été prescrits et il a été mis en arrêt de travail. Mais il n’a pas cessé le boulot et n’a pas touché à ses médicament­s.

Ainsi, en raison de son trouble mental, l’accusé n’avait pas une «intention spécifique de tuer», ont conclu l’avocat de Liu, Me Martin Latour, et la procureure de la Couronne, Me Marie-Ève Phaneuf.

Ils se sont entendus sur une suggestion commune de huit ans de détention.

Hier, la mère de la victime a tenu à s’adresser au tribunal, afin d’exposer les conséquenc­es de la mort de son fils.

«J’ai maintenant 55 ans et je ne peux plus avoir d’enfant. Mon fils était mon seul enfant et ma joie. Sans lui, je sais que mon mari et moi passerons le reste de notre vie en ressentant la solitude et la douleur. Notre famille a été détruite», a-t-elle dit avec émotion, étouffée plusieurs fois par les sanglots.

Dans le box des accusés, Shao Jun Liu fixait le sol et a dû s’essuyer les yeux quelques fois. Il a d’ailleurs remis une lettre à la juge, dans laquelle il s’adresse aux parents de Chao Peng, pour s’excuser.

«Je me demande constammen­t s’il n’y aurait pas eu quelque chose que j’aurais pu faire pour prévenir cela. Si seulement je pouvais retourner dans le temps», a-til écrit.

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Chao Peng a été retrouvé sans vie dans l’arrière-boutique du dépanneur situé sur la rue Mercier, à Saint-Jean-sur-Richelieu.
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Liyan Guo Mère de la victime

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