Trump et ses bluffs grossiers
Doit-on craindre les menaces de Donald Trump concernant les producteurs de lait? Restons calmes. Les paroles de ce président n’ont pas le poids de celles d’un dirigeant mondial dit normal. Il parle beaucoup. Il parle souvent dans le but de faire des effets. Il bluffe sans élégance.
Bien sûr il y a de quoi s’inquiéter lorsque l’élu le plus puissant du monde, qui s’adonne à être notre voisin, lance des menaces commerciales. Comme Canadiens, nous continuerons de vivre en permanence dans un certain climat de nervosité étant voisins d’un dirigeant au caractère aussi imprévisible. Nous ne sommes jamais à l’abri d’une saute d’humeur ou d’une intervention surprise en réaction aux intérêts du dernier personnage avec qui Trump a pris le dîner.
POUR PLAIRE!
D’ailleurs, commentant la sortie intempestive sur le lait, le porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer a spontanément expliqué que le président avait fait cette déclaration au Wisconsin. Comme s’il était sous-entendu que le Wisconsin étant un État de producteur laitier, il était logique de faire un discours qui allait simplement plaire. Comme s’il était normal que l’homme le plus puissant de monde dise n’importe quoi pour plaire à son auditoire local sans considération pour l’impact des propos pour le reste du monde. Ahurissant!
Les producteurs de lait vivent une inquiétude normale. Ils sont vraiment les premiers au Canada à être spécifiquement visés par Trump. Jusqu’à mardi, les discussions entourant la réouverture de l’ALENA étaient restées générales. Maintenant, les producteurs laitiers se sentent ciblés.
Mais restons calmes. Les experts s’entendent pour dire que ces négociations ne commenceront pas demain matin. Le président Trump a besoin d’obtenir un mandat du Congrès. Dans l’état actuel de désorganisation de son administration, dégager un tel consensus au Congrès pourrait prendre beaucoup de temps.
Je crois que le gouvernement Trudeau adopte la bonne attitude face aux menaces de Trump. Pas de grandes déclarations politiques, pas d’huile sur le feu. On s’est contenté d’une lettre très factuelle de l’ambassadeur.
Certains Canadiens, dont les agriculteurs, auraient aimé entendre une réplique ferme et cinglante de Justin Trudeau ou d’un ministre senior. Une telle réaction aurait été payante politiquement à court terme, mais contreproductive par rapport à l’objectif final: protéger nos intérêts commerciaux. Trump est imprévisible sauf sur une chose: il se braquera s’il est attaqué en public.
DES MENACES RIDICULES
Sur le lait, je crois que Trump bluffe. Dans cette même semaine, nous avons appris que les navires de guerre américains ne se sont jamais mis en route vers les côtes la Corée du Nord, contrairement aux prétentions du président américain. Quel autre bluff grotesque et insensé!
En matière militaire, le commandant en chef de l’armée américaine affirme que des bateaux militaires sont en route vers un pays … et c’est faux! S’il bluffe aussi grossièrement dans une affaire militaire, imaginez ce qu’il peut dire en matière de commerce. Il faut prendre ses propos avec prudence. C’est le même homme.
Le gouvernent Trudeau joue bien ses cartes depuis le début face à Trump. Qu’il garde calmement le cap!