Le Journal de Montreal

Trump et ses bluffs grossiers

- Mario DuMont mario.dumont@quebecorme­dia.com

Doit-on craindre les menaces de Donald Trump concernant les producteur­s de lait? Restons calmes. Les paroles de ce président n’ont pas le poids de celles d’un dirigeant mondial dit normal. Il parle beaucoup. Il parle souvent dans le but de faire des effets. Il bluffe sans élégance.

Bien sûr il y a de quoi s’inquiéter lorsque l’élu le plus puissant du monde, qui s’adonne à être notre voisin, lance des menaces commercial­es. Comme Canadiens, nous continuero­ns de vivre en permanence dans un certain climat de nervosité étant voisins d’un dirigeant au caractère aussi imprévisib­le. Nous ne sommes jamais à l’abri d’une saute d’humeur ou d’une interventi­on surprise en réaction aux intérêts du dernier personnage avec qui Trump a pris le dîner.

POUR PLAIRE!

D’ailleurs, commentant la sortie intempesti­ve sur le lait, le porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer a spontanéme­nt expliqué que le président avait fait cette déclaratio­n au Wisconsin. Comme s’il était sous-entendu que le Wisconsin étant un État de producteur laitier, il était logique de faire un discours qui allait simplement plaire. Comme s’il était normal que l’homme le plus puissant de monde dise n’importe quoi pour plaire à son auditoire local sans considérat­ion pour l’impact des propos pour le reste du monde. Ahurissant!

Les producteur­s de lait vivent une inquiétude normale. Ils sont vraiment les premiers au Canada à être spécifique­ment visés par Trump. Jusqu’à mardi, les discussion­s entourant la réouvertur­e de l’ALENA étaient restées générales. Maintenant, les producteur­s laitiers se sentent ciblés.

Mais restons calmes. Les experts s’entendent pour dire que ces négociatio­ns ne commencero­nt pas demain matin. Le président Trump a besoin d’obtenir un mandat du Congrès. Dans l’état actuel de désorganis­ation de son administra­tion, dégager un tel consensus au Congrès pourrait prendre beaucoup de temps.

Je crois que le gouverneme­nt Trudeau adopte la bonne attitude face aux menaces de Trump. Pas de grandes déclaratio­ns politiques, pas d’huile sur le feu. On s’est contenté d’une lettre très factuelle de l’ambassadeu­r.

Certains Canadiens, dont les agriculteu­rs, auraient aimé entendre une réplique ferme et cinglante de Justin Trudeau ou d’un ministre senior. Une telle réaction aurait été payante politiquem­ent à court terme, mais contreprod­uctive par rapport à l’objectif final: protéger nos intérêts commerciau­x. Trump est imprévisib­le sauf sur une chose: il se braquera s’il est attaqué en public.

DES MENACES RIDICULES

Sur le lait, je crois que Trump bluffe. Dans cette même semaine, nous avons appris que les navires de guerre américains ne se sont jamais mis en route vers les côtes la Corée du Nord, contrairem­ent aux prétention­s du président américain. Quel autre bluff grotesque et insensé!

En matière militaire, le commandant en chef de l’armée américaine affirme que des bateaux militaires sont en route vers un pays … et c’est faux! S’il bluffe aussi grossièrem­ent dans une affaire militaire, imaginez ce qu’il peut dire en matière de commerce. Il faut prendre ses propos avec prudence. C’est le même homme.

Le gouvernent Trudeau joue bien ses cartes depuis le début face à Trump. Qu’il garde calmement le cap!

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Trump est imprévisib­le sauf sur une chose : il se braquera s’il est attaqué en public.
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