Plaisir interdit
Nous vivons dans un monde de plus en plus fou, où nos concitoyens peuvent facilement être offusqués. Heureusement, le monde du sport avait jusqu’ici réussi à résister à cette tendance. Mais ce n’est plus le cas.
À une époque où les gens cherchent avec acharnement des raisons de crier au racisme, à l’islamophobie, à l’homophobie, à la transphobie et à l’appropriation culturelle (sincères excuses à l’avance auprès des groupes qui pourraient être froissés de ne pas faire partie de cette liste), le sport se veut un domaine dans lequel on se réfugie pour oublier les problèmes quotidiens.
Que ce soit en le pratiquant ou en le regardant en personne ou à la télé, le sport permet aux gens de se divertir, de se rassembler et de vivre toute une gamme d’émotions.
Lorsque vient le temps des séries, tout est amplifié, des traditions se créent et nos médias contribuent à nous faire découvrir des histoires inspirantes ou tout simplement drôles.
PORTE-BONHEUR
Chez le Canadien par exemple, on fait appel à Ginette Reno pour l’interprétation de l’hymne national. La chanteuse est en quelque sorte devenue le porte-bonheur de l’équipe. Les défunts Nordiques avaient quant à eux leur trompettiste.
Dans d’autres cas, lors des séries, de purs inconnus deviennent des vedettes instantanées et éclipsent les joueurs côté popularité. On n’a qu’à penser aux hommes verts à Vancouver. Du côté d’Ottawa, il y a quelques années, les médias et les médias sociaux n’en avaient que pour le sosie de l’ex-entraîneur des Sénateurs, Paul MacLean.
Cette année, c’est à Toronto que les médias ont découvert une nouvelle sensation. Si vous avez suivi la série Maple LeafsCapitals, vous connaissez sûrement le spectateur Jason Maslakow, mieux connu sous le nom de Dart Guy. La barbe bleue, le visage peint aux couleurs des Leafs et une cigarette éteinte aux lèvres, le partisan est dans tous les médias et on le voit à la télé plusieurs fois par match.
MAUVAIS EXEMPLE
Évidemment, comme l’ensemble de la communauté sportive trouve le partisan sympathique, il faut que quelqu’un s’indigne.
Un journaliste qui travaille notamment pour la radio de Sportsnet à Toronto a donc décidé de pondre un article blâmant l’organisation des Maple Leafs d’avoir offert des billets à Dart Guy en vue du troisième match. Petite précision pour les curieux, dart est un terme désignant une cigarette en anglais.
Selon le journaliste, il est irresponsable de la part des Leafs d’encourager, voire de récompenser, un partisan qui fume. Bien entendu, on sort l’argument que ça envoie un bien mauvais message aux enfants.
Le journaliste ajoute ensuite que l’équipe aurait plutôt dû offrir des billets à une mère monoparentale ou à un étudiant universitaire affichant de bonnes notes. Bonne idée!
Tant qu’à y être, pourquoi les organisations n’offrent-elles pas tous leurs billets gratuitement afin de remercier leurs partisans? Ce n’est pas comme si ces équipes avaient comme objectif de générer des revenus.
Enfin, notre valeureux journaliste demande, le plus sérieusement du monde, depuis quand la LNH et les Maple Leafs font la promotion d’une dépendance pouvant être nocive pour la santé? On anticipe déjà sa réaction lorsqu’il apprendra que les Leafs, tout comme le Tricolore, vendent de la bière à 12 $ l’unité comme des petits pains chauds.
On a droit à de bonnes séries jusqu’à présent. Souhaitons que l’on puisse continuer d’apprécier le spectacle qui nous est offert sans trop chercher de controverses inutiles. Nos enfants ne s’en porteront que mieux.