Le Journal de Montreal

L’arrêt Jordan profite à « l’ange Daniel »

- KATHLEEN FRENETTE

QUÉBEC | En raison de délais judiciaire­s qui se sont échelonnés sur 2310 jours, un juge de la Cour du Québec n’a eu d’autre choix, hier, que de prononcer un arrêt des procédures dans le dossier de «l’ange Daniel», un homme de Saint-Raymond accusé d’agression sexuelle sur une jeune adolescent­e.

Le juge René de la Sablonnièr­e l’a bien fait comprendre, hier, «c’est à contrecoeu­r» qu’il a rendu cette décision dans le dossier de Michel Mercier, un homme de 56 ans qui se serait fait passer pour «un ange» dans le but d’abuser sexuelleme­nt d’une jeune adolescent­e de son entourage.

Mercier, avec l’aide d’une femme – qui a par ailleurs plaidé coupable et écopé d’une peine de 42 mois de détention –, aurait fait croire à la jeune fille qu’en réalité, il n’était pas Michel Mercier, mais bien «l’ange Daniel» et qu’il pouvait «régler ses problèmes».

75 MOIS DEPUIS LA COMPARUTIO­N

Naïve et timide, la jeune adolescent­e avait dit, en cours de procès, s’être laissé berner sur une longue période et n’avoir réussi à se soustraire à l’ange maudit qu’à l’âge de 18 ans.

Toutefois, comme un arrêt des procédures a été prononcé, à la suite de l’arrêt Jordan, la jeune femme ne pourra jamais connaître le jugement final du tribunal.

Selon ce qu’a rappelé le magistrat, «depuis la comparutio­n du requérant le 24 décembre 2010», 75 mois, soit six ans et trois mois, se sont écoulés.

Si certains délais sont imputables à Mercier, qui «ne manifeste pas le désir de procéder dans des délais raisonnabl­es, sauf à une occasion» ou encore parce qu’il a «changé quatre fois d’avocat», le juge a estimé que «la poursuite n’avait pas pris les mesures minimales pour procéder avec célérité lorsque cela lui était possible».

« DÉLAI INJUSTIFIA­BLE »

«Dans le dossier à l’étude, un délai de 75 mois est injustifia­ble dans le cadre d’une saine administra­tion de la justice», a dit le président du tribunal qui a ajouté qu’en outre, il s’agissait là «d’un dossier d’une simplicité évidente».

«Une justice rendue en temps utile est une caractéris­tique d’une société libre et démocratiq­ue. Cette valeur primordial­e doit être protégée au détriment d’un électrocho­c à court terme pour un bénéfice à long terme, afin que cette culture de complaisan­ce des délais se termine», a dit le magistrat en conclusion.

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