Le Journal de Montreal

L’unité anti-proxénétis­me manquerait d’enquêteurs

Une criminolog­ue commente le nouveau groupe

- Frédérique GiGuère

La création d’une unité mixte pour contrer le proxénétis­me représente un bon pas vers l’avant, mais les autorités devront augmenter les effectifs s’ils veulent réellement déstabilis­er les réseaux, croit une criminolog­ue.

La GRC, la police de Montréal, la SQ et les corps policiers de Québec, de Longueuil, de Gatineau et de Laval uniront désormais leurs forces pour lutter contre la traite de personnes, a annoncé hier matin le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux.

D’ici cinq ans, le gouverneme­nt et les corps policiers participan­ts investiron­t 12 millions de dollars pour contrer ce dangereux fléau.

MANQUE D’EFFECTIFS

L’équipe compte 25 enquêteurs et aucune embauche n’est prévue pour l’instant. Bien qu’elle se réjouisse de l’initiative, la criminolog­ue spécialisé­e dans les gangs de rue Maria Mourani estime que le gouverneme­nt devra augmenter les effectifs s’il souhaite voir des résultats.

«Les enquêtes sur le proxénétis­me sont très longues, et les enquêteurs travaillen­t des heures pas possibles pour arriver à monter leur preuve, a-t-elle dit. Ils croient pouvoir démanteler des réseaux avec 25 enquêteurs? Ils vont devoir attacher leur tuque avec de la broche.»

Les proxénètes et les clients seront dans le collimateu­r de cette unité, peu importe l'âge des victimes. Le ministre Coiteux a déclaré vouloir leur faire la «vie dure» et s’assurer qu'il soit extrêmemen­t difficile pour les proxénètes d'opérer. Selon lui, la meilleure façon de faire était de rassembler les efforts à un même endroit et ainsi de faciliter le partage de renseignem­ents et de ressources.

« BIEN HUILÉE »

Pour Jean-Claude Gauthier, policier retraité de l’escouade antigang du SPVM, la création d’une équipe mixte représente l’annonce la plus prometteus­e à avoir été faite depuis longtemps dans la lutte contre le proxénétis­me. «C’est une merveilleu­se nouvelle, a-t-il déclaré. C’est un beau défi qu’ils se lancent. Peut-être qu’en se parlant, ils vont se rendre compte à quel point c’est grave et répandu.»

Une telle unité risque aussi de donner du courage à certaines victimes, qui n’auraient auparavant jamais voulu dénoncer, croit l’ancien policier.

«C’est sûr que c’est rassurant de voir qu’il y a une grosse machine derrière toi pour t’épauler, a-t-il conclu. Mais il faudra s’assurer qu’elle demeure bien huilée.»

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Michel Bourque, nouveau responsabl­e de cette nouvelle unité, et Martin Coiteux, ministre de la Sécurité publique, ont répondu aux questions des journalist­es hier.
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maria mourani Criminolog­ue

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