L’unité anti-proxénétisme manquerait d’enquêteurs
Une criminologue commente le nouveau groupe
La création d’une unité mixte pour contrer le proxénétisme représente un bon pas vers l’avant, mais les autorités devront augmenter les effectifs s’ils veulent réellement déstabiliser les réseaux, croit une criminologue.
La GRC, la police de Montréal, la SQ et les corps policiers de Québec, de Longueuil, de Gatineau et de Laval uniront désormais leurs forces pour lutter contre la traite de personnes, a annoncé hier matin le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux.
D’ici cinq ans, le gouvernement et les corps policiers participants investiront 12 millions de dollars pour contrer ce dangereux fléau.
MANQUE D’EFFECTIFS
L’équipe compte 25 enquêteurs et aucune embauche n’est prévue pour l’instant. Bien qu’elle se réjouisse de l’initiative, la criminologue spécialisée dans les gangs de rue Maria Mourani estime que le gouvernement devra augmenter les effectifs s’il souhaite voir des résultats.
«Les enquêtes sur le proxénétisme sont très longues, et les enquêteurs travaillent des heures pas possibles pour arriver à monter leur preuve, a-t-elle dit. Ils croient pouvoir démanteler des réseaux avec 25 enquêteurs? Ils vont devoir attacher leur tuque avec de la broche.»
Les proxénètes et les clients seront dans le collimateur de cette unité, peu importe l'âge des victimes. Le ministre Coiteux a déclaré vouloir leur faire la «vie dure» et s’assurer qu'il soit extrêmement difficile pour les proxénètes d'opérer. Selon lui, la meilleure façon de faire était de rassembler les efforts à un même endroit et ainsi de faciliter le partage de renseignements et de ressources.
« BIEN HUILÉE »
Pour Jean-Claude Gauthier, policier retraité de l’escouade antigang du SPVM, la création d’une équipe mixte représente l’annonce la plus prometteuse à avoir été faite depuis longtemps dans la lutte contre le proxénétisme. «C’est une merveilleuse nouvelle, a-t-il déclaré. C’est un beau défi qu’ils se lancent. Peut-être qu’en se parlant, ils vont se rendre compte à quel point c’est grave et répandu.»
Une telle unité risque aussi de donner du courage à certaines victimes, qui n’auraient auparavant jamais voulu dénoncer, croit l’ancien policier.
«C’est sûr que c’est rassurant de voir qu’il y a une grosse machine derrière toi pour t’épauler, a-t-il conclu. Mais il faudra s’assurer qu’elle demeure bien huilée.»