Le Journal de Montreal

La présumée victime invente pour se déculpabil­iser, dit un avocat

Trois hommes sont accusés de viol collectif sur une fille de 15 ans

- YANICK POISSON

VICTORIAVI­LLE | L’un des avocats des trois hommes de Québec accusés d’agression sexuelle sur une adolescent­e prétend que la victime a inventé une histoire afin de se déculpabil­iser des actes commis lors d’un party rave en 2014.

Au moment de plaider devant le jury, l’avocat de l’accusé Dominic Vézina, Me Félix-Antoine Doyon, a suggéré que l’adolescent­e de 15 ans était consentant­e d’avoir des relations sexuelles avec son client et ses amis, mais qu’elle a été prise de remords le lendemain.

Afin de se déculpabil­iser, elle aurait inventé une histoire causant du tort à Vézina et à ses coaccusés, Pierre-François Blondeau et Jean-Christophe Martin.

Plus tôt au cours du procès, qui dure depuis un mois au palais de justice de Victoriavi­lle, la plaignante, qui était âgée de 15 ans lors des événements, a affirmé avoir eu des relations sexuelles répétées avec les trois coaccusés. Elle a dit qu’elle se trouvait dans un état second et que les trois hommes en auraient profité.

Il a également été mis en preuve que ce n’est qu’à compter du lendemain qu’elle a réalisé ce qui venait de se passer.

«Dans les circonstan­ces, c’est tout à fait humain d’inventer une histoire du genre. On a, au bureau, des gens qui pètent la balloune et qui nous disent que c’est impossible, qu’ils ont dû être drogués à leur insu. Ils se sentent coupables, alors ils inventent des versions», a plaidé l’avocat.

PAS VÉRIDIQUES

Ces propos sont appuyés par Me Maxime Roy, le procureur de Jean-Christophe Martin, qui suggère que la victime a une propension à inventer des histoires qui ont un lien avec la réalité, mais qui ne sont pas véridiques.

Il a notamment fait référence au fait que l’adolescent­e a omis de dire qu’elle avait consommé de la drogue lors de son interrogat­oire initial et qu’elle a énoncé des faits nouveaux lors du procès, plus de deux ans après les événements.

«Elle a un souvenir au-delà de la moyenne. Elle affirme que ses souvenirs sont flous. Pourtant, elle a une mémoire claire des différents lieux et trajets. En fait, ses souvenirs sont volontaire­ment flous concernant les actes sexuels. Pourquoi? Parce qu’elle a honte? Ça se peut. Ça n’enlève rien au consenteme­nt et ça ne rend pas les gestes une agression», considère-t-il.

CONSENTEME­NT

Pierre-François Blondeau, Dominic Vézina, et Jean-Christophe Martin sont accusés d’agression sexuelle avec lésions, d'agression sexuelle avec la participat­ion d'une autre personne, de contacts sexuels et d'incitation­s à des contacts sexuels.

Les deux premiers chefs sont passibles d’un minimum de cinqans d’emprisonne­ment. L’âge de consenteme­nt sexuel au Canada est de 16 ans. Leur liberté dépend donc de la décision que prendra le jury en lien avec la possibilit­é de l’adolescent­e à consentir aux relations sexuelles le soir des événements. À cet égard, les deux avocats suggèrent que la plaignante a affirmé aux coaccusés qu’elle était âgée de 18 ans, qu’elle était consentant­e et que, bien qu’elle ait consommé cinq tequilas et de la méthamphét­amine, elle n’était pas suffisamme­nt intoxiquée pour s’empêcher de prendre une décision éclairée.

L’avocat de Pierre-François Blondeau, Me Yves Savard se fera entendre lundi, lors de la reprise du procès.

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Dominic Vézina, Pierre-François Blondeau et Jean-Christophe Martin seront condamnés à au moins cinq ans de prison s’ils sont reconnus coupables d’avoir agressé sexuelleme­nt une ado de 15 ans en 2014.
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Me Félix-antoine doyon Avocat

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