L’entrepreneur accuse Khadir d’insouciance
Le député se défend toutefois de l’avoir diffamé
Amir Khadir a agi avec insouciance lorsqu’il a lié un ex-associé de Tony Accurso au financement illégal en politique, a plaidé l’avocat de l’entrepreneur hier.
«Il faut que ça cesse», a lancé Me Marc-André Blain, qui réclame pour son client Marcel Melançon 300 000 $ pour diffamation.
Pour l’avocat, il est incontestable que le député de Québec solidaire savait qu’il allait causer des dommages à la réputation de M. Melançon, lorsqu’il l’avait nommé dans des entrevues accordées à la radio 98,5 en 2013.
BÂILLON
«Mais les cocktails de financement où étaient là des SNC-Lavalin, où étaient [...] des compagnies de construction, organisés par Marcel Melançon, c’était monnaie courante, avait dit M. Khadir. C’est celui qui donnait le cours 101 de financement illégal à Jean Brault, qui en a parlé en Commission Gomery.»
M. Melançon avait démenti ces propos, puisqu’il a participé au financement du Parti québécois uniquement lors du référendum de 1995. M. Khadir s’était rétracté, pour en remettre deux mois plus tard.
«Par son intelligence, [M. Khadir] savait qu’il allait causer des dommages, sa récidive est une preuve qu’il connaissait les conséquences», a plaidé Marc-André Blain, qui a qualifié de «malveillant» le lien avec Tony Accurso. M. Melançon n’est plus associé à Accurso depuis 1999, et les lier ne sert qu’à «salir» l’entrepreneur, a ajouté l’avocat.
DÉBAT PUBLIC
M. Khadir a maintenu que ses propos visaient à soulever un débat public. «[M. Melançon] a été collecteur de fonds, c’est une réalité, a plaidé son avocat Alain Tremblay. Les termes étaient associés à un système tellement tordu [...], c’est ça le contexte.»
L’avocat a ajouté qu’il n’y avait pas de preuve des dommages directs qui justifierait des dédommagements de 300 000 $.
«M. Melançon dit que son beau-frère l’a traité de bandit à cravate? Qu’il poursuive son beau-frère!, a plaidé Me Tremblay. Est-ce que M. Khadir paye pour tout le monde?»
Pour l’avocat, la demande de l’entrepreneur est une poursuite bâillon.
«Ce genre de recours me détourne de mon travail et amène des contraintes dans l’exercice de ma liberté comme député sur des enjeux d’intérêt public», a commenté M. Khadir.
Le juge Brian Riordan a pris la cause en délibéré. Comme c’est l’usage, il n’a pas annoncé quand il rendrait son jugement.