Le Journal de Montreal

Les partis politiques sont-ils vilains ?

- Mario duMont Économiste, animateur et chroniqueu­r mario.dumont @quebecorme­dia.com @mariodumon­t

Les Français votent demain pour choisir les deux candidats qui passeront au second tour et aspireront à présider la République. La campagne se termine dans une grande nervosité: quatre candidats se retrouvent à l’intérieur de la marge d’erreur des sondages.

Une nouveauté mérite d’être notée dans cette élection: deux des quatre candidats du peloton de tête ne sont pas associés à un parti politique. Ils ont plutôt créé un «mouvement».

L’actuel meneur de la course, Emmanuel Macron, est à la tête du mouvement En marche. Jean-Luc Mélenchon, le candidat d’extrême gauche qui a connu une montée fulgurante dans le dernier mois, dirige le mouvement La France insoumise. Des mouvements temporaire­s, créés pour le temps d’une campagne électorale, dont le nom ressemble davantage à un slogan.

Tour à tour, ces mouvements ont suscité des vagues d’enthousias­me et d’adhésion chez les Français. On a dit qu’ils représenta­ient l’espoir d’une politique nouvelle, qu’ils plaisaient aux jeunes, qu’ils attiraient des milliers de nouveaux adhérents.

TRUMP

Tout cela n’est pas sans rappeler la montée de Donald Trump. Évidemment, le système américain a forcé Donald Trump à passer par le chemin du Parti républicai­n pour mettre son nom sur le bulletin. Mais c’est bel et bien un mouvement politique qu’il a créé avec son slogan «Make America great again».

D’ailleurs, la nuit de sa victoire, lorsque le nouveau président s’est adressé à ses partisans à propos de cette réussite, il a utilisé l’expression «notre mouvement». Jamais il n’a référé à une victoire du Parti républicai­n. Cela ne faisait pas partie de son langage.

Parce que les partis politiques ont largement perdu la cote. Dans la population, ils sont devenus des problèmes en eux-mêmes plutôt que des regroupeme­nts de gens qui cherchent des solutions. Les partis politiques traînent un passé, des scandales, des erreurs.

S’ils ont gouverné, ils traînent le passif des décisions impopulair­es du passé. S’ils n’ont jamais gouverné, ils traînent la terrible image de l’éternel perdant. De surcroît, l’expression «parti politique» est à l’origine de la partisaner­ie que les citoyens ne peuvent plus supporter.

ATTENTION !

Un nouveau mouvement, c’est du frais, du neuf. Attirant pour l’électeur de 2017. Mais attention! Les électeurs semblent valoriser un phénomène qu’ils détesterai­ent dans d’autres domaines. À titre de consommate­urs, les mêmes citoyens hésiteraie­nt à acheter un bien important d’une entreprise qui ne serait que de passage. On se méfierait du commerce qui n’existait pas l’an dernier et qui n’existera plus l’an prochain. L’équivalent des fameux «mouvements» politiques.

Avec tous leurs défauts, les partis assurent une stabilité, forment des jeunes militants, apprennent de leurs erreurs et sont loin d’être aussi pires que le veut la perception populaire. Bien sûr, un parti trop longtemps au pouvoir risque de prendre de mauvais plis. Un séjour dans l’opposition permet de se renouveler et de se purifier un peu.

Je ne partage pas l’emballemen­t pour ces mouvements qui semblent enracinés dans si peu de choses. Peut-être que ceux qui ont été soulevés par le super mouvement de Donald Trump pourront bientôt témoigner de leur déception…

 ??  ?? Ceux qui ont été soulevés par le super mouvement Donald Trump pourraient témoigner bientôt de leur déception.
Ceux qui ont été soulevés par le super mouvement Donald Trump pourraient témoigner bientôt de leur déception.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada