Vingt millions $ dans Pangea
La Caisse et le Fonds FTQ misent sur la société d’investissements agricoles
La Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ s’apprêtent à investir 10 M$ chacun dans la société d’investissements agricoles Pangea, cofondée par l’homme d’affaires bien connu Charles Sirois.
Pangea a refusé de commenter la nouvelle, mais n’a pas nié que les 20 M$ de deniers publics seraient bientôt injectés dans la société, auxquels s’ajouteront 30 M$ de partenaires privés.
«Nous nous réjouissons que l’argent québécois soit mis dans l’économie d’ici», s’est contentée de dire MarieChristine Éthier, directrice des communications de l’entreprise qui cultive 15 000 acres de terres au Québec surtout, mais également en Ontario.
Pangea est une société d'investissements qui acquiert des terres agricoles et partage des actifs avec des agriculteurs pour développer leur production. Elle a été cofondée par Charles Sirois et Serge Fortin, et possède déjà plusieurs hectares au Lac-Saint-Jean.
L’UPA CRAINTIVE
Cette participation financière de la Caisse et du Fonds de solidarité a par ailleurs été vigoureusement décriée par l’UPA. Son président, Marcel Groleau, s’est dit furieux d’apprendre que des fonds publics serviraient bientôt à «détruire des fermes familiales».
«Leur modèle d’affaires tue l’entrepreneuriat et nuit aux entreprises familiales. C’est inacceptable. Le gouvernement doit empêcher ces investissements», s’est indigné M. Groleau, ajoutant que la menace étrangère ne doit pas être exclue.
«Nous avons beau avoir des lois qui empêchent les étrangers d’acheter nos terres… Un grand fonds d’investissement pourrait bien profiter du fait qu’il a un pied-à-terre à Montréal pour passer à l’action», a-t-il laissé tomber.
Simon Bégin, porte-parole de l'Institut Jean-Garon, a pour sa part vu d’un bon oeil cette aide à venir. Il s’est désolé de l’attitude «défensive et conservatrice» de l’UPA. Selon lui, il est très positif que l’argent des Québécois serve l’intérêt des fermiers d’ici.
« DIGNE D’INTÉRÊT »
Même son de cloche du côté de Clément C. Gagnon, cofondateur de Partenaires Agricoles: «Tout modèle qui fera en sorte que l’agriculture québécoise ne meurt pas est digne d’intérêt». Pour lui, il faut dénicher de toute urgence une relève agricole pour éviter la catastrophe, et le modèle de coentreprise de Pangea peut être intéressant en ce sens.
HOLDING FAMILIAL
Rappelons que Charles Sirois est à la tête d’un holding familial, Telesystem, très présent dans le monde des médias et de la technologie.