Le Journal de Montreal

Ça pourrait être Fonfara c. Alvarez...

C’est Jean Pascal qui a eu la meilleure déclaratio­n. Avant même le début de l’étrange conférence de presse qui a bousculé les esprits et les derrières hier au 9-4-10 du Centre Bell.

- réjean rejean.tremblay@quebecorme­dia.com tremblay

Peut-être que Jean Pascal sentait venir le coup. Peut-être prévoyait-il qu’Adonis Stevenson irait poser son derrière sur ses genoux et lui donnerait une bise sur la joue. Ça se peut, tout se peut.

«Il ne faut pas perdre le focus. J’ai un combat difficile contre Eleider Alvarez et Marc Ramsay. J’ai deux prises contre moi. Je me bats contre un ami et contre Marc Ramsay qui me connaît mieux que quiconque au monde. Si on ne fait pas attention, ça pourrait facilement se terminer par un combat entre Fonfara et Alvarez », de dire Pascal.

Mon confrère Mathieu Boulay, qui a fait la vraie job d’informatio­n pendant la conférence de presse en posant des questions directes sur des sujets sensibles, vous raconte cette conférence… comme je n’en avais pas encore vécu dans ma carrière.

Pendant que Stevenson donnait un bon spectacle de cabaret, j’étais dans un coin de la salle avec Samuel Décarie… et c’était passionnan­t.

ELEIDER RÉTICENT

Yvon Michel a envoyé Samuel Décarie à Bogota en Colombie pour qu’il convainque Eleider Alvarez d’affronter Jean Pascal et une fois cette première mission réussie, de le mettre au travail intensif le plus rapidement possible.

Hier, Samuel traînait encore la fatigue de son expédition. Il a trouvé à Apartado, le petit village d’Eleider et de sa femme Jesssica, un homme frustré par la tournure des événements.

Alvarez était en congé jusqu’à son camp d’entraîneme­nt pour un combat en octobre. Il venait d’avoir un chèque de 50000 $ pour acheter un terrain, il y avait des vacances prévues avec Jessica et sa jeune fille Aida savourait enfin la présence de son père.

Et là, on lui annonçait qu’on voulait l’envoyer dans un combat contre Jean Pascal et risquer sa situation d’aspirant obligatoir­e.

Ça ne lui faisait pas plaisir. Et surtout, ça révoltait sa femme Jessica. Et les femmes ont un sens très aigu de ces injustices commises envers un mari ou un amant: «Disons que madame n’était pas contente. Ça résume la situation», raconte Décarie.

Samuel parle espagnol et s’est employé non pas à convaincre, mais plutôt à prendre le pouls de son boxeur: «Je voulais savoir où il se situait. Savoir s’il était motivé, s’il était vraiment intéressé par le combat. Et aussi m’assurer qu’il était en forme. Quand je suis arrivé, Eleider était à 210 livres. Hier, il était à 195 livres. Je voulais voir aussi comment les coups sortaient, comment il supportait un entraîneme­nt exigeant. C’était correct. Et j’ai senti que le goût s’installait. On est en retard d’une demi-semaine sur le programme d’entraîneme­nt. Rien de tragique », explique Décarie.

UNE VIE FAMILIALE BOUSCULÉE

Eleider est gentil. Jessica est compréhens­ive. Et Samuel est le plus délicat des hommes. Mais tout partait croche dans cette affaire. À commencer par ce sapré Jean Pascal qui s’est fait un plaisir même pas coupable d’annoncer lui-même à Alvarez qu’il allait se battre contre lui.

Et puis, Jessica devait passer des examens médicaux à Medellín pour préparer sa demande de visa pour le Canada. En plus, le maudit chèque de 50 000 $ était gelé à la banque et Alvarez ne pouvait pas passer chez le notaire pour compléter l’achat de son terrain. Les vacances avec Jessica étaient annulées et évidemment, il faisait chaud à crever pendant les entraîneme­nts.

Il va y avoir d’autres pépins. Dans deux semaines, Marc Ramsay, Samuel Décarie et Luc-Vincent Ouellet, les entraîneur­s de l’équipe Ramsay, partent pour Las Vegas afin de préparer le combat de David Lemieux. Va arriver quoi avec Alvarez ?

Marc Ramsay a trouvé une solution. Lui et Samuel vont s’envoler pour Vegas le lundi soir et Luc-Vincent Ouellet va rester avec Alvarez jusqu’au vendredi matin. Dimanche soir, tout le monde revient au bercail et s’attelle au dernier mois avant le 3 juin.

PAS FACILE POUR RAMSAY

La journée d’hier a été émotive pour Marc Ramsay. À la fin de la conférence de presse, il a serré Jean Pascal contre lui avant de quitter la scène. Il a pris Pascal sous son aile alors qu’il était encore un adolescent. Et il l’a accompagné jusque dans la trentaine.

Hier matin, il a rencontré d’homme à homme Eleider Alvarez. Il l’a regardé droit dans les yeux et lui a demandé: «C’est ça que tu veux? Tu le veux, ce combat? Oui? Ben alors, on va aller le gagner».

Hier soir, quand je jasais avec Ramsay, il avait retrouvé son aplomb de profession­nel. Il connaît Jean Pascal et déjà il avait noté un facteur important: «Adonis Stevenson a tout fait pour faire craquer Jean qui est resté calme et concentré. Et le comporteme­nt d’Adonis était limite. Très limite. Ça veut dire que Jean est déjà en mode combat. Il est dans sa bulle. Il est déjà concentré. On le sait, je le sais», a-t-il dit.

DANS LE CALEPIN

On va y revenir, mais soulignons déjà que Gym et Gestev, une filiale de Québecor, ont conclu une entente à plusieurs facettes. Hier, le communiqué de presse disait que la soirée du 3 juin était une copromotio­n de GYM et de Gestev. Yvon Michel reste propriétai­re de sa compagnie.

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Même si ça ne lui faisait pas plaisir d’affronter Jean Pascal et de risquer sa situation d’aspirant obligatoir­e, Eleider Alvarez s’est remis à l’entraîneme­nt en Colombie, en vue de ce gala du 3 juin.
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