Le Journal de Montreal

Anxieux que des accusés de meurtre soient libérés

Des proches d’un homme tué craignent la décision que prendra le tribunal lundi

- Michaël Nguyen MNguyenJDM c michael.nguyen @quebecorme­dia.com 514.599.5888 8010

Les proches d’un jeune homme assassiné il y a quatre ans à Montréal attendent avec anxiété la décision du tribunal qui doit déterminer lundi si les trois accusés pourront échapper à leur procès en raison des délais judiciaire­s.

l∫ «C’est vraiment difficile, on n’est plus capable d’attendre. On a peur, on se sent comme dans une prison», résume Behice Yanar, la soeur de Fehmi Sen, tué en mai 2013 dans le quartier Côte-des-Neiges.

Selon l'enquête, ce dernier aurait été ciblé par erreur, puis abattu. Il n’avait aucun antécédent judiciaire.

Malgré le temps écoulé depuis, les proches de la victime peinent à se remettre du drame. Ainsi, Hanim Sen dit encore pleurer tous les soirs la mort subite de son fils à l'âge de 28 ans.

La mère éplorée espère toujours obtenir justice, mais elle craint de ne pouvoir l'obtenir, car les accusés ont présenté une requête Jordan, du nom de l’arrêt de la Cour suprême limitant les délais pour être jugé.

Shorn Carr, Marlon Henry et Rakesh Jankie, âgés entre 27 et 35 ans, sauront lundi s’ils peuvent profiter d'un arrêt des procédures et retrouver leur liberté.

Leur procès est prévu pour janvier prochain, soit quelque 56 mois après le crime qui leur est imputé.

«Mon fils a été tué une première fois, et là, la justice risque de le tuer une deuxième fois», a lancé Hanim Sen en pleurant, peu après l'audition de la requête.

MÊME JUGE

Les proches de Fehmi Sen sont d’autant plus inquiets que la semaine passée, le juge Guy Cournoyer a ordonné l'arrêt des procédures dans le dossier d’un meurtrier allégué à cause des délais. Ryan Wolfson restera toutefois détenu, puisqu’il a déjà été condamné pour meurtre dans le passé.

«On sait que ce n’est pas la même chose, que c’est du cas par cas, affirme Behice Yanar. Mais nous sommes humains, on a peur. Mais on garde espoir.»

Dès qu’elle a appris le jugement Wolfson, Mme Yanar a réuni sa famille pour partager ses craintes. Mais d’un commun accord, personne n’a parlé du jugement à la mère de Fehmi Sen.

«Ma mère est trop nerveuse, et elle attend avec impatience lundi, dit Mme Yanar. On stresse pour la décision, alors que ce n’est encore ni le procès ni le verdict… Ce n’est vraiment pas normal.»

HUMAINS

Mme Yanar interpelle également le fédéral afin qu'on nomme rapidement des juges à la Cour supérieure du Québec.

«Est-ce que c’est une question de budget? se demande Mme Yanar. L’argent, l’argent, l’argent… Ça parle d’argent, mais pas des humains qui attendent», déplore-t-elle.

«Ça me fait mal. Je ne suis plus capable de voir ça», ajoute Mme Yanar, qui dit avoir le coeur brisé chaque fois qu'un accusé est libéré à cause des délais judiciaire­s.

« MA MÈRE HANIM SEN PLEURE, ELLE A PEUR. ON ATTEND LA DÉCISION DE LUNDI PROCHAIN AVEC IMPATIENCE, ON SE SENT EMPRISONNÉ. » – Behice Yanar, soeur du défunt Fehmi Sen

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Depuis la mort de son fils Fehmi Sen, Hanim Sen dit pleurer tous les jours. Elle craint que les accusés s’en sortent sans procès.
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