Le père qui a oublié son enfant va beaucoup mieux
Son fils de 11 mois est décédé après avoir été oublié huit heures au soleil dans l’auto
L’homme qui a oublié son bébé pendant toute une journée dans sa voiture en août 2016 affirme aller beaucoup mieux, même s’il souffre encore énormément de la perte de son fils.
Le père de 40 ans, qui a exigé l’anonymat, est allé reconduire ses deux plus vieux au camp de jour à Saint-Jérôme le 17août dernier. Il devait ensuite aller laisser son bébé de 11mois à la garderie. Mais après avoir fait quelques arrêts et détours inhabituels, il est retourné travailler à la maison.
AIDE INATTENDUE
Le bébé a passé la journée dans la voiture en plein soleil et y a perdu la vie. Il s’est seulement aperçu de son erreur à la fin de la journée en allant à la garderie pour récupérer son enfant.
«Je me suis longtemps vu comme un monstre. J’étais certain que j’allais perdre ma famille. Je cherchais les critiques sur moi sur les réseaux sociaux parce que je croyais les mériter, mais finalement, j’ai surtout été soutenu par les gens. Ça m’a beaucoup aidé», raconte-t-il.
Il ne comprend toujours pas comment il a pu oublier son enfant dans la voiture. Il a voulu décortiquer, comprendre et ressentir ce que son petit avait subi.
Il participait hier au lancement d’un livre sur le deuil périnatal vécu par les pères (voir autre texte).
«J’ai voulu aller m’asseoir dans l’auto durant huit heures au soleil pour voir c’était quoi, mais j’ai compris que ça ne changerait rien à ce qui est arrivé.»
Il parle souvent de son enfant. Il le pleure encore et échange des souvenirs à son sujet régulièrement avec sa conjointe, toujours à ses côtés, et ses autres enfants. Il s’est même fait tatouer une représentation de son fils sur son avant-bras.
«Je ne pensais pas que je pouvais me remonter de quelque chose comme ça, mais le temps fait son oeuvre.»
REMONTER LA PENTE
Le père de famille dit vivre encore des crises de larmes.
«Je laisse ces moments difficiles prendre leur place. Ça fait du bien. Je prends des Ativan (un médicament contre l’anxiété) quand mon petit bébé occupe trop mon esprit», confie-t-il.
Il est convaincu que sa douleur ne disparaîtra jamais.
«Tu ne t’en sors pas, tu assumes et tu finis par savoir vivre avec ça. Je suis résilient et ma conjointe aussi. On vit nos deuils chacun de notre côté parce qu’on s’est rendu compte que l’un entraîne l’autre dans sa douleur et sa culpabilité.»
Il se souvient aujourd’hui de son fils en souriant, sans s’effondrer systématiquement. «Il était comique, il était comme moi, il jacassait tout le temps», dit-il.
« Je ne pensais pas que Je pouvais remonter de quelque chose comme ça, mais le temps fait son oeuvre. » - Le père du bébé