Le Journal de Montreal

Les clowns qui ne faisaient rire personne

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Entre une accusation de corruption et la suivante, un projet de loi du gouverneme­nt Couillard forcera les policiers à remettre leurs pantalons officiels.

Le hasard est parfois cocasse. En début de semaine, j’étais au volant dans la région métropolit­aine.

Je tourne à gauche. Immédiatem­ent, une voiture de police, dissimulée dans une entrée de garage, se met derrière moi.

Je comprends d’emblée que je dois être fautif de quelque chose.

Avant que son gyrophare n’entre en fonction, je me range à droite.

Le jeune policier m’explique que les seules options permises à ce carrefour étaient de continuer tout droit ou de tourner à droite. Oups… Il est d’une courtoisie irréprocha­ble. S’il s’est placé à cet endroit, me disje, c’est que la faute doit être commune.

Je ne proteste pas. Quand vous avez une face ou un nom connu, il vaut mieux filer doux.

Si vous rouspétez, la personne devant vous pourra croire que vous essayez d’utiliser votre notoriété pour obtenir un traitement privilégié.

Je n’ai pas envie de faire un Mario Tremblay ou un Claude Dubois de mon humble personne.

Au moment où le jeune homme me redonne mes papiers et ma contravent­ion (169 $), je lui demande si je peux me permettre de lui faire une remarque. Il dit oui.

Je lui dis que la police est une institutio­n essentiell­e et qu’elle mérite le respect, mais que les policiers doivent s’aider eux-mêmes en ayant un comporteme­nt respectabl­e.

Les pantalons de camouflage, dis-je, comme ceux qu’il portait ce jour-là, sont un manque de respect envers luimême, envers son uniforme, envers son institutio­n et envers la société.

Pas un long discours: 20 secondes maximum.

Calmement, posément, le jeune homme m’explique qu’il n’aime pas devoir les porter, qu’il a hâte que cela se termine, qu’ils vivent un conflit de travail et n’ont guère de moyens de pression. Je ne dis rien, le salue et pars. J’ai toujours eu la conviction que plusieurs policiers suivaient le mot d’ordre syndical parce qu’ils n’avaient pas le choix, mais qu’ils n’étaient pas fiers de se déguiser en clowns.

PAS UN DÉTAIL

Le triste après-midi du 9 juin 2015 m’est resté au travers de la gorge.

C’étaient les funéraille­s nationales de Jacques Parizeau à l’église SaintGerma­in d’Outremont.

Alors que les officiers de la Sûreté du Québec avaient revêtu leurs habits de circonstan­ce, les agents du SPVM, qui géraient la foule, avaient leurs pantalons bariolés.

Le manque de classe et de savoir-vivre du syndicat, qui n’avait pas levé son mot d’ordre pour cette occasion, m’avait estomaqué.

Quand j’étais jeune et que je participai­s à des manifestat­ions étudiantes (pouvez-vous croire?), j’étais très mal à l’aise quand des insanités étaient lancées aux policiers dont je comprenais le rôle essentiel.

On aurait infiniment tort de croire que cette histoire de pantalons est un détail et que seul compte le travail effectué.

Un uniforme est un symbole et les symboles ont de l’importance.

Il est plus que temps que cela cesse.

 ??  ?? Un uniforme est un symbole et les symboles ont de l’importance
Un uniforme est un symbole et les symboles ont de l’importance
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada