DONALD TRUMP EST UN PRÉSIDENT EN FORMATION
Malgré des décrets signés à la chaîne, l’homme à la tête des États-Unis n’a presque rien accompli
Moins de trois semaines avant son élection, Trump s’est rendu à Gettysburg, en Pennsylvanie, où il a dévoilé un plan d’action pour ses 100 premiers jours à la Maison-Blanche. Le «Contrat de Donald Trump avec les électeurs américains» proposait plusieurs mesures qui, pour la plupart, n’ont pas encore vu le jour. Voici un extrait de son discours ce jour-là: «Le 8 novembre, les Américains vont voter pour ce plan de 100 jours pour retrouver la prospérité, pour assurer la sécurité de nos communautés et rendre notre gouvernement plus honnête. Ceci est mon engagement envers vous.»
Donald Trump est toujours en train d’apprendre à faire son travail et n’a rien accompli de concret au cours de ses 100 premiers jours à la Maison-Blanche, estiment des analystes qui comparent sa présidence à un cheval à bascule.
Sur la chaîne CNN, le journaliste spécialisé en politique étrangère américaine Fareed Zakaria a eu des mots durs pour le nouveau président dès le mois de février en disant qu’il dirigeait les États-Unis comme un cheval berçant, qui fait du va-et-vient, mais n’avance pas.
«Il ne faut pas confondre le mouvement et le progrès», a-t-il dit, ajoutant que Trump n’avait «pratiquement rien fait» jusqu’à présent.
Selon le titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM, Frédérick Gagnon, cette comparaison est toujours valide deux mois plus tard.
«Oui, on voit du mouvement. Il s’exprime sur Twitter, il annonce des choses, il a signé plusieurs décrets présidentiels… mais pour l’instant, il a très peu de grandes réalisations à son actif», explique-t-il.
De son côté, la Maison-Blanche a dressé un bilan avantageux des 100 derniers jours avec la signature de 30 décrets, une baisse de l’immigration clandestine ainsi que 38 coups de fil passés à des dirigeants étrangers.
Cependant, les grands chantiers annoncés par Trump lors de sa campagne, comme la réforme de l’assurance maladie, la révision de la fiscalité et le renforcement du contrôle de l’immigration, ne sont encore que des projets, souligne M. Gagnon.
Le politologue à l’Université Concordia Graham Dodds rappelle que les nombreux décrets signés par le président en début de parcours sont d’abord et avant tout symboliques.
«Mais la nomination du juge républicain Neil Gorsuch à la Cour suprême début avril a été une belle victoire pour lui. C’était l’une de ses promesses majeures», dit le professeur.
APPRENTISSAGE
Sans expérience politique, Trump est encore en train d’apprendre les rouages de son métier, insiste toutefois Frédérick Gagnon.
«Il constate finalement qu’un président n’est pas tout puissant. Qu’on ne gouverne pas le pays comme on dirige une entreprise, que c’est un peu plus compliqué, dit-il. La preuve, c’est qu’il n’a rien réalisé sur le plan législatif.»
Alors que les électeurs déchantent et que la popularité du président est en chute libre, il tente de «reprendre son souffle» en multipliant les actions à l’étranger qui font consensus aux États-Unis, comme les bombardements en Syrie et en Afghanistan, et la menace de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord, pense M. Gagnon.
Malgré tout, Donald Trump a jusqu’à maintenant démontré sa forte capacité à diriger l’attention publique et médiatique là où il le souhaite.
«Il est arrivé dans les 100 premiers jours à monopoliser la discussion et à attirer les gens vers les enjeux dont il veut parler. Maintenant, il doit montrer qu’il peut agir», dit le chercheur.