Subban : la faute de Therrien ?
C’était à prévoir. Avec le vacuum énorme laissé par l’élimination du Canadien, tout le terrain médiatique et fantasmagorique est occupé par P.K. Subban.
Les romantiques de la république du Plateau et de leurs chantres ont le beau jeu pour chanter les louanges de P.K. Ce qui est bien correct puisque Subban a disputé un premier match de très haut niveau avec les Predators dans la série les opposant aux Blues de St. Louis.
Et puis, ceux qui tirent un profit financier bien senti quand le Canadien se faufile dans les séries éliminatoires ne perdront pas tout cette année. Avec P.K. pour entretenir l’imaginaire populaire, les bars et les restos vont quand même profiter du hockey pour lancer leur été.
Y en a même un qui a baptisé son bar Chez Subban. Bien chanceux, l’agent de Subban ne lui a pas encore fait fermer son bar. Faut savoir que Subban et ses agents surveillent de très près l’utilisation de son nom et de son image. Et, soit dit en passant, c’est normal. Trop de profiteurs ont profité de trop de célébrités naïves dans le passé.
LA LEÇON DE JACQUES MARTIN
Que le Plateau s’agite, ça s’explique facilement. P.K. Subban, vu de loin du vestiaire du Canadien, avait tout pour plaire. Beau Black, gentil avec les enfants, ouvert aux gens, habillé comme une super carte de mode, c’était quand même mieux qu’un look de fermier conservateur comme Shea Weber.
Pendant la saison, le départ en flèche du Canadien et de Weber a fait taire les Subbanomaniaques. Mais depuis le premier match contre les Blues, Subban est revenu en force. Ce qui me surprend le plus, c’est de voir Subban rester discipliné dans son jeu tout en sachant profiter de son tir fulgurant. On dirait que c’est Jacques Martin qui est son entraîneur.
Vous vous rappelez comment Martin s’y prenait pour contraindre Subban à rester discipliné et à couper court à ses élans de pur-sang tout partout sur la patinoire? Même que Martin a collé Subban dans les gradins pendant plusieurs parties. Avec un seul message. Grand talent ou pas, il faut bien accomplir les jeux fondamentaux.
Je ne sais pas comment s’y est pris Pete Laviolette. C’était peut-être la présence dans l’équipe de deux ou trois autres défenseurs de très grand calibre qui occupent les postes nos 1 et 2 chez les défenseurs, mais Subban a joué comme Michel Therrien l’aurait souhaité pendant toute la saison.
À CAUSE DE THERRIEN ?
C’est sans doute un ensemble de circonstances qui a permis à Subban de se mouler au système des Predators. Et de ne pas torturer l’ego et la sensibilité de Laviolette.
Mais qu’on analyse la situation comme on le voudra, qu’on prenne le problème par n’importe quel bout de l’équation, on arrive toujours à une conclusion.
C’est Michel Therrien qui a directement contribué à sortir Subban de Montréal. Après la gaffe égoïste de Subban à Denver contre l’Avalanche, Therrien n’a jamais retrouvé confiance en lui.
Ce faisant, il a ouvert les digues aux manifestations de mécontentement dans le vestiaire. Ça faisait déjà un bon moment que plusieurs joueurs, dont les leaders de l’équipe, n’étaient plus capables d’endurer Subban.
Dans d’autres circonstances, la possibilité d’obtenir Shea Weber n’aurait pas suffisamment pesé lourd dans la balance pour justifier l’exil de P.K. à Nashville.
Mais l’écoeurement de Michel Therrien, plus l’impatience intolérante d’une dizaine de joueurs, plus l’offre de Shea Weber, tout est tombé en place pour le Grand Échange.
Cela dit, ce n’est pas parce qu’on peut applaudir P.K. Subban pendant les séries qu’il faut renier tout ce qui s’est dit depuis son départ. Le Canadien a terminé au premier rang de sa division, il a perdu une série serrée contre les Rangers de New York et Shea Weber a donné à l’équipe ce qu’on attendait et espérait de lui.
En attendant, Marc Bergevin et Geoff Molson ont la preuve que la nature a horreur du vide. Et que faire les séries, c’est peut-être suffisant pour le bilan financier de l’Organisation.
Mais se faire sortir en première ronde, c’est quand même prendre un risque. Cette année plus que jamais.
Go P.K. go, c’est bon pour les cotes d’écoute.