Macron met en garde contre la tentation des extrêmes
L’écart entre les candidats se resserre à une semaine du scrutin présidentiel
PARIS | (AFP) À une semaine du second tour de la présidentielle en France, la candidate d’extrême droite Marine Le Pen a poursuivi hier une campagne tambour battant contre son rival centriste Emmanuel Macron, qui a lui insisté sur le «devoir de mémoire».
Comme elle l’avait fait plut tôt cette semaine en rendant une visite-surprise aux salariés d’une usine menacée de fermeture au moment même où le centriste rencontrait leurs syndicats, Mme Le Pen a déposé une gerbe devant une stèle en mémoire de déportés à Marseille, peu avant un hommage similaire programmé par M. Macron.
Le candidat s’est aussi rendu en fin de journée au Mémorial de la Shoah et au Mémorial des martyrs de la déportation à Paris, à l’occasion de la journée nationale du souvenir des victimes de la déportation.
«Nous avons aujourd’hui un devoir qui est double, le devoir de mémoire (...) et le devoir que cela n’advienne plus jamais, en acceptant en rien l’affaiblissement moral qui peut tenter certains, le relativisme qui peut en tenter d’autres, le négationnisme dans lequel certains trouvent refuge.»
«L’hommage que je souhaitais rendre aujourd’hui, c’est ce devoir que nous devons à toutes ces vies fauchées par les extrêmes, par la barbarie», a-t-il dit.
Une pique à peine voilée à l’encontre du Front national de Marine Le Pen, dont le président par intérim Jean-François Jalkh a été évincé après avoir été accusé de propos négationnistes qu’il a démentis.
« PAS RESPONSABLE »
Mme Le Pen elle-même a suscité un tollé en affirmant que la France n’était pas «responsable» d’une rafle massive de juifs en 1942 à Paris.
Le candidat centriste proeuropéen, 39 ans, cherche ainsi à se placer sur le terrain des «valeurs» qu’il entend incarner face au parti anti-immigration et anti-Europe. Il s’était déjà rendu cette semaine dans un village martyr de la Seconde Guerre mondiale. «Je ne fais pas commerce des commémorations. Ce ne sont pas des événements électoraux», a rétorqué Mme Le Pen.
ÉCOLOGISTE ?
Elle a également improvisé une visite à Gardanne, liée au rejet de boues polluantes pratiqué par une usine, pour vanter sa vision d’une «véritable écologie». Elle est venue «nous faire croire qu’elle est soudainement devenue écologiste», a réagi le député écologiste de la ville, François-Michel Lambert.
L’écart se resserre entre les deux finalistes – Macron est crédité de 59 % des intentions de vote contre 41 % à son adversaire – et l’alliance inédite scellée samedi entre la candidate du Front national et le chef du parti souverainiste Debout la France pourrait renforcer sa position.