Les célébrations des 20 ans de la rétrocession divisent
HONG KONG | (AFP) Hong Kong célébrera en grande pompe et avec force millions le 20e anniversaire de sa rétrocession à la Chine par le colonisateur britannique, dans un faste totalement déphasé aux yeux de certains habitants, du fait des tensions politiques.
Les célébrations du 1er juillet se préparent déjà au moment où une frange de la population hongkongaise s’inquiète de l’ingérence croissante de Pékin dans les affaires de l’ex-colonie. Le territoire semi-autonome est en effet profondément divisé entre camp démocrate et camp pro-Pékin.
Le président Xi Jinping est attendu dans la ville pour marquer cet anniversaire.
Des centaines d’événements seront organisés jusqu’au mois de juillet dans le cadre de ces festivités qui coûteront640 millions de dollars de Hong Kong (112 M$) au gouvernement.
Des affiches ont déjà été collées à travers la ville, ornées du slogan «Ensemble, Progrès, Opportunités», et le 20e anniversaire est annoncé ici et là par des néons colorés.
Aux yeux du chef du gouvernement sortant, l’impopulaire Leung Chunying, il s’agit d’illustrer «la vision de demain» pour Hong Kong et ses sept millions d’habitants, et de rassembler ces derniers.
« TOUS CHINOIS »
«La rétrocession a une importance historique et elle vaut d’être célébrée parce que, à l’origine, Hong Kong appartenait à la Chine», explique Michael, un habitant de 51 ans.
D’autres sont sceptiques. «Célébrons-nous le fait que nous n’avons pas de liberté ou de démocratie?» demande Ales Li, un retraité de 67 ans. «Pourquoi n’utilisent-ils pas toutes ces ressources pour réduire les divisions?”
Des jeunes jugent qu’il s’agit juste d’un «coup› du gouvernement.
En 2014, le mouvement dit «des parapluies» avait échoué à obtenir de Pékin la moindre réforme politique et une nouvelle génération de militants qui réclament l’autonomie, voire l’indépendance totale vis-à-vis de Pékin, est née sur les cendres de la révolte.
INFLUENCE CROISSANTE
La Chine n’est pas restée les bras ballants face à ces appels. À l’automne 2016, elle est intervenue pour empêcher deux indépendantistes élus de siéger au Parlement local.
Beaucoup accusent Pékin d’accroître son influence dans de nombreux secteurs, comme les médias ou l’éducation. La disparition, en 2015, de cinq libraires connus pour publier des titres salaces sur les dirigeants chinois avait semé l’effroi. Tous avaient refait surface sur le continent.
Londres avait dénoncé une atteinte «grave» à l’accord ayant présidé à la rétrocession de 1997, qui avait scellé le statut semi-autonome, les libertés et le mode de vie de Hong Kong pour 50 ans.
– Par Aaron TAM, Agence France-Presse