Le Journal de Montreal

Très difficile la vie en communauté

La carpe et le perroquet

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Je vous avais écrit en 2010 pour vous raconter ma vie en HLM. Je vous propose aujourd’hui la suite, dans une missive de 18 pages. Je sais que ce texte est trop long pour publicatio­n, mais peut-être y trouverez-vous matière à réflexion. Et surtout, prenez le temps de bien le lire pour en comprendre les subtilités et vous convaincre de façon définitive des immenses difficulté­s de la vie en communauté pour une personne saine d’esprit comme moi.

Dès mon arrivée dans ce lieu en 2003, je fus à même de comprendre à quel point le respect de l’autre, des autres, n’existait pas pou les gens du troisième âge. Sans compter que ce milieu est aussi rempli de gens vulgaires, manipulate­urs, profiteurs, aigris, agressifs, belliqueux, frustrés, et j’en passe. Ce sont, en général, des personnes qui ont très mal vécu leur passé et qui n’ont jamais fait le moindre effort pour se prendre en main et changer le cours de leur destinée. Comme dans mon livre è moi, les erreurs du passé ont toujours servi à me garantir un futur meilleur, vous comprendre­z vite à quel point ça m’est difficile de supporter de telles personnes.

Certains prennent un malin plaisir à dénigrer, humilier et dégrader les autres, en particulie­r les personnes psychologi­quement fragiles. C’est tellement facile de les détruire quand on y met du sien. Sans parler de l’alcool qui coule à flot dans notre environnem­ent et qui permet de si vite oublier ce qu’on a fait de mal aux autres. D’oublier l’agressivit­é gratuite qu’on lui a manifesté au point de la faire fondre en larmes.

Et que dire du Conseil d’Administra­tion de notre établissem­ent où règne la terreur personnifi­ée par une présidente qui s’arroge tous les pouvoirs et qui traite tout le monde du haut de sa grandeur. Quand on n’est pas moralement qualifié pour détenir un tel poste, ne devrait-on pas s’abstenir de s’y présenter? Sans parler des enveloppes brunes qui circulent pour acheter le silence des témoins.

Je vous épargnerai le placotage de corridors et de balcons qui répand à plus soif des mensonges nuisibles à certains locataires pour les dénigrer auprès des autres sans qu’ils aient la chance de s’expliquer. Chacun devrait se rappeler qu’on provient tous du même endroit et qu’on va tous retourner à la terre un jour ou l’autre. Pourquoi ne pas plutôt essayer de se comprendre et de s’entraider dans le respect les uns des autres? Luc L.

J’espère que vous ne vivrez aucune frustratio­n du très bref résumé que j’ai dû faire de votre longue lettre. Les allusions directes que vous y faites à des personnes clairement identifiée­s ne pouvaient non plus êtres publiées pour votre protection personnell­e. Même si elle m’a parue suspecte en ce qu’elle tire sur la presque totalité de votre voisinage, votre charge me semblait digne de faire l’objet d’une publicatio­n pour provoquer une prise de conscience sur le fait que l’âge n’apporte pas la sagesse.

La lettre de ce matin commentant les dangers pour une femme de vivre avec un homme muet m’a semblé décrire la quintessen­ce du couple parfait : un homme qui ne parle pas assez et une femme qui parle trop. Un classique qui a fait ses preuves. Comme le disait ma mère à ma future épouse en 1968 : « Les hommes, il faut qu’ils aient l’impression de décider, mais au fond, c’est la femme qui décide. » Avec une telle mère, pas besoin de belle-mère. Et malgré tout je suis toujours avec mon bourreau, et je l’aime encore. Il faut préciser que je ne suis pas une carpe et elle, pas un perroquet. LOL Michel Favreault

Pour votre informatio­n, la rédactrice de la lettre n’avait rien du perroquet non plus. Peut-être n’avezvous pas saisi que certains hommes se servent du silence comme une arme de destructio­n.

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