Le Journal de Montreal

LES SECRETS DE VIOLETTE

L’ex-directrice du financemen­t du PLQ n’a pas tout dit à la commission Charbonnea­u

- JEAN-NICOLAS BLANCHET, ALEXANDRE ROBILLARD ET FÉLIX SÉGUIN

Notre Bureau d’enquête a consulté des courriels qui contredise­nt le témoignage de Violette Trépanier il y a trois ans.

Des courriels contredise­nt certaines réponses de l’ex-directrice du financemen­t du PLQ à la commission Charbonnea­u

L’ex-directrice du financemen­t du Parti libéral du Québec, Violette Trépanier, n’a pas dit toute la vérité lors de son passage à la commission Charbonnea­u, révèlent des courriels consultés par notre Bureau d’enquête.

En juin 2014, Mme Trépanier, qui a oeuvré au PLQ de 2001 à 2013, était questionné­e sous serment et en direct à la télé devant les Québécois. La Commission voulait notamment éclaircir son influence auprès des cabinets politiques, et son rôle dans les nomination­s à des conseils d’administra­tion de sociétés d’État.

Les documents que nous avons consultés contredise­nt les réponses fournies par Mme Trépanier à au moins trois questions posées par Me Paul Crépeau, l’un des procureurs de la Commission:

√ Alors qu’elle affirmait sous serment ne pas se préoccuper de l’allégeance politique des candidats pressentis pour siéger à des conseils d’administra­tion, Violette Trépanier a fait plusieurs vérificati­ons à ce sujet.

√ Sous serment, elle a indiqué ne pas avoir communiqué avec les cabinets ministérie­ls pour des questions autres que celles liées au PLQ. Or, plusieurs courriels montrent qu’elle communiqua­it aussi avec des cabinets pour faire cheminer des dossiers politiques.

√ Violette Trépanier a également affirmé à la Commission n’avoir reçu que «5 ou 6» CV sur une période de 13 ans, pour des nomination­s à un conseil d’administra­tion. Or, nous en avons consulté 16, uniquement pour la période 2007-2008.

PRÈS DU POUVOIR

Globalemen­t, les nombreuses communicat­ions écrites par Violette Trépanier font comprendre qu’elle aidait des donateurs libéraux à se rapprocher du pouvoir.

Certains d’entre eux se sont retrouvés et sont encore administra­teurs d’organismes publics qui gèrent des milliards de dollars (voir exemples en page 4).

D’ailleurs, selon nos informatio­ns, les enquêteurs de l’UPAC soupçonnen­t Mme Trépanier d’avoir influencé une ou des nomination­s politiques «en prévision d’une récompense, d’un avantage ou d’un bénéfice, direct ou indirect», soit une infraction prévue par l’article 125 du Code criminel.À ce jour, aucune accusation n’a été déposée dans ce dossier.

Malgré de nombreuses tentatives au téléphone ou en personne, il n’a pas été possible d’obtenir la version des faits de Violette Trépanier.

– Avec la collaborat­ion d’Annabelle Blais, Marie Christine Trottier et Antoine Robitaille

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