LES SECRETS DE VIOLETTE
L’ex-directrice du financement du PLQ n’a pas tout dit à la commission Charbonneau
Notre Bureau d’enquête a consulté des courriels qui contredisent le témoignage de Violette Trépanier il y a trois ans.
Des courriels contredisent certaines réponses de l’ex-directrice du financement du PLQ à la commission Charbonneau
L’ex-directrice du financement du Parti libéral du Québec, Violette Trépanier, n’a pas dit toute la vérité lors de son passage à la commission Charbonneau, révèlent des courriels consultés par notre Bureau d’enquête.
En juin 2014, Mme Trépanier, qui a oeuvré au PLQ de 2001 à 2013, était questionnée sous serment et en direct à la télé devant les Québécois. La Commission voulait notamment éclaircir son influence auprès des cabinets politiques, et son rôle dans les nominations à des conseils d’administration de sociétés d’État.
Les documents que nous avons consultés contredisent les réponses fournies par Mme Trépanier à au moins trois questions posées par Me Paul Crépeau, l’un des procureurs de la Commission:
√ Alors qu’elle affirmait sous serment ne pas se préoccuper de l’allégeance politique des candidats pressentis pour siéger à des conseils d’administration, Violette Trépanier a fait plusieurs vérifications à ce sujet.
√ Sous serment, elle a indiqué ne pas avoir communiqué avec les cabinets ministériels pour des questions autres que celles liées au PLQ. Or, plusieurs courriels montrent qu’elle communiquait aussi avec des cabinets pour faire cheminer des dossiers politiques.
√ Violette Trépanier a également affirmé à la Commission n’avoir reçu que «5 ou 6» CV sur une période de 13 ans, pour des nominations à un conseil d’administration. Or, nous en avons consulté 16, uniquement pour la période 2007-2008.
PRÈS DU POUVOIR
Globalement, les nombreuses communications écrites par Violette Trépanier font comprendre qu’elle aidait des donateurs libéraux à se rapprocher du pouvoir.
Certains d’entre eux se sont retrouvés et sont encore administrateurs d’organismes publics qui gèrent des milliards de dollars (voir exemples en page 4).
D’ailleurs, selon nos informations, les enquêteurs de l’UPAC soupçonnent Mme Trépanier d’avoir influencé une ou des nominations politiques «en prévision d’une récompense, d’un avantage ou d’un bénéfice, direct ou indirect», soit une infraction prévue par l’article 125 du Code criminel.À ce jour, aucune accusation n’a été déposée dans ce dossier.
Malgré de nombreuses tentatives au téléphone ou en personne, il n’a pas été possible d’obtenir la version des faits de Violette Trépanier.
– Avec la collaboration d’Annabelle Blais, Marie Christine Trottier et Antoine Robitaille