La cigarette toujours aussi populaire chez les 18-25 ans
Les efforts pour faire chuter le tabagisme chez les ados ont toutefois porté fruit
Après s’être concentrés depuis 20 ans à faire la lutte avec succès au tabagisme chez les adolescents, les gouvernements devraient désormais cibler les jeunes adultes, toujours aussi séduits par l’industrie du tabac, révèle une nouvelle étude.
Depuis les années 1990, le nombre d’adolescents qui fument la cigarette ne cesse de diminuer. La mauvaise nouvelle? Les 18-25 ans, eux, sont toujours aussi nombreux à s’initier au tabagisme.
C’est ce que conclut un article publié dans la Revue canadienne de santé publique par Thierry Gagné, un étudiant au doctorat à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
«Il y a 20 ans, quand on a commencé à faire de la prévention du tabagisme, la grande majorité des personnes qui commençaient à fumer le faisaient à l’adolescence, explique M. Gagné. Ça a donc guidé les premières initiatives antitabac.
«En ce moment, une des grandes victoires de la lutte au tabagisme en santé publique, c’est que les jeunes, surtout au secondaire, sont de moins en moins nombreux à fumer la cigarette», ajoute-t-il.
Mais pendant que les gouvernements déployaient des efforts considérables pour protéger les jeunes de la nicotine, notamment en interdisant celle-ci sur les terrains des écoles primaires et secondaires, les jeunes adultes ont continué d’être courtisés par l’industrie du tabac.
«Au Canada, entre 2001 et 2013, il n’y a eu aucune diminution du nombre de jeunes adultes, âgés de 18 à 25 ans, qui s’initient au tabagisme», constate Thierry Gagné.
VIE STRESSANTE EN CAUSE
Comment expliquer que les 18-25 ans commencent à fumer malgré les avertissements qu’ils reçoivent depuis leur enfance? Le stress provoqué par l’entrée à l’université ou sur le marché du travail y est-il pour quelque chose?
«Malheureusement, il n’y a pas beaucoup d’évidences là-dessus, répond M. Gagné. On pense que ce n’est pas tant le stress de ce changement qui pousse les jeunes adultes à fumer, que les conditions dans lesquelles se fait cette transition-là.
«Par exemple, beaucoup de jeunes qui quittent la maison familiale n’ont pas beaucoup de ressources financières, ce qui crée de l’anxiété. (…) Aussi, plusieurs d’entre eux travaillent dans l’industrie du service pendant leurs études, et des recherches montrent que c’est dans ce secteur que les gens fument le plus.»
ÉLARGIR LA CIBLE
Selon M. Gagné, il serait grand temps pour les gouvernements d’élargir la cible des campagnes antitabac.
«Il faut réfléchir à comment on peut étendre nos interventions actuelles pour inclure non seulement les adolescents, mais aussi les jeunes adultes», mentionne-t-il.
«Si on a réduit l’accès au tabagisme près des écoles secondaires, pourquoi ne pas le faire aussi autour des universités par exemple? Les endroits où vivent les jeunes adultes pourraient bénéficier des mêmes interventions que dans l’environnement des adolescents.»