Le Journal de Montreal

La cigarette toujours aussi populaire chez les 18-25 ans

Les efforts pour faire chuter le tabagisme chez les ados ont toutefois porté fruit

- Catherine Montambeau­lt

Après s’être concentrés depuis 20 ans à faire la lutte avec succès au tabagisme chez les adolescent­s, les gouverneme­nts devraient désormais cibler les jeunes adultes, toujours aussi séduits par l’industrie du tabac, révèle une nouvelle étude.

Depuis les années 1990, le nombre d’adolescent­s qui fument la cigarette ne cesse de diminuer. La mauvaise nouvelle? Les 18-25 ans, eux, sont toujours aussi nombreux à s’initier au tabagisme.

C’est ce que conclut un article publié dans la Revue canadienne de santé publique par Thierry Gagné, un étudiant au doctorat à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

«Il y a 20 ans, quand on a commencé à faire de la prévention du tabagisme, la grande majorité des personnes qui commençaie­nt à fumer le faisaient à l’adolescenc­e, explique M. Gagné. Ça a donc guidé les premières initiative­s antitabac.

«En ce moment, une des grandes victoires de la lutte au tabagisme en santé publique, c’est que les jeunes, surtout au secondaire, sont de moins en moins nombreux à fumer la cigarette», ajoute-t-il.

Mais pendant que les gouverneme­nts déployaien­t des efforts considérab­les pour protéger les jeunes de la nicotine, notamment en interdisan­t celle-ci sur les terrains des écoles primaires et secondaire­s, les jeunes adultes ont continué d’être courtisés par l’industrie du tabac.

«Au Canada, entre 2001 et 2013, il n’y a eu aucune diminution du nombre de jeunes adultes, âgés de 18 à 25 ans, qui s’initient au tabagisme», constate Thierry Gagné.

VIE STRESSANTE EN CAUSE

Comment expliquer que les 18-25 ans commencent à fumer malgré les avertissem­ents qu’ils reçoivent depuis leur enfance? Le stress provoqué par l’entrée à l’université ou sur le marché du travail y est-il pour quelque chose?

«Malheureus­ement, il n’y a pas beaucoup d’évidences là-dessus, répond M. Gagné. On pense que ce n’est pas tant le stress de ce changement qui pousse les jeunes adultes à fumer, que les conditions dans lesquelles se fait cette transition-là.

«Par exemple, beaucoup de jeunes qui quittent la maison familiale n’ont pas beaucoup de ressources financière­s, ce qui crée de l’anxiété. (…) Aussi, plusieurs d’entre eux travaillen­t dans l’industrie du service pendant leurs études, et des recherches montrent que c’est dans ce secteur que les gens fument le plus.»

ÉLARGIR LA CIBLE

Selon M. Gagné, il serait grand temps pour les gouverneme­nts d’élargir la cible des campagnes antitabac.

«Il faut réfléchir à comment on peut étendre nos interventi­ons actuelles pour inclure non seulement les adolescent­s, mais aussi les jeunes adultes», mentionne-t-il.

«Si on a réduit l’accès au tabagisme près des écoles secondaire­s, pourquoi ne pas le faire aussi autour des université­s par exemple? Les endroits où vivent les jeunes adultes pourraient bénéficier des mêmes interventi­ons que dans l’environnem­ent des adolescent­s.»

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thierry gagné Étudiant au doctorat à l’École de santé publifonct­ion

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