Le Journal de Montreal

Les promesses brisées font mal aux libéraux

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Briser des promesses électorale­s peut coûter cher. Le Parti libéral du Canada (PLC) vient de connaître ses pires mois de financemen­t électoral depuis janvier 2015, notamment car les donateurs seraient frustrés par de nombreuses promesses brisées, croient des experts.

Selon les rapports financiers publiés par Élections Canada hier, le parti au pouvoir a reçu un peu plus de 2,8 millions $ en dons de janvier à mars.

Or, c’est un montant nettement inférieur aux 4,7 millions $ recueillis en moyenne par trimestre par le PLC depuis janvier 2015, selon un calcul du Journal à partir des données d’Élections Canada. C’est même deux fois moins que les sommes recueillie­s par le Parti conservate­ur durant les premiers mois de cette année, soit 6 millions $.

DONATEURS «DÉÇUS»

«Il n’y a pas de doute que l’abandon au début de l’année de la réforme électorale promise par les Libéraux durant la campagne électorale a beaucoup refroidi les bases du parti et fait hésiter plus d’un donateur», a analysé Geneviève Tellier, professeur­e à l’École des études politiques.

«L’espoir est plus facile à vendre que des actions concrètes. Maintenant, les donateurs du parti veulent voir des résultats, mais se heurtent à de nombreuses promesses brisées», a martelé le fondateur du groupe Democracy Watch, Duff Conacher.

Selon lui, l’abandon de la réforme électorale, l’absence d’une nouvelle loi d’accès à l’informatio­n fédérale et le récent scandale du cash for access, où des entreprise­s pouvaient payer un billet à prix d’or pour accéder à de petits événements en compagnie de ministres ou du premier ministre, ont tous miné la confiance des Canadiens.

DONS AUX CONSERVATE­URS

Or, le malheur des libéraux pourrait faire le bonheur des conservate­urs, croit le professeur spécialisé en financemen­t électoral à l’université Queens, Christophe­r Cotton.

«Il n’est pas du tout exclu que la course à la chefferie du Parti conservate­ur diminue les dons du Parti libéral. Cela pourrait être dû au fait que des donateurs libéraux moins partisans font des dons à des candidats conservate­urs qu’ils trouvent plus enlignés avec leurs valeurs plutôt que de continuer à donner à leur deuxième choix, le PLC», a indiqué M. Cotton.

Le PLC assure qu’il continue sur la lancée de 2016, «la meilleure année non électorale de son histoire en matière de campagnes de financemen­t populaires».

On dit avoir suspendu des campagnes de souscripti­on «afin de préparer de nouvelles normes de financemen­t ouvertes et transparen­tes».

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