En désordre de bataille
PARIS | Soutenir Emmanuel Macron au second tour divise la gauche. Contrairement à 2002 contre Jean-Marie Le Pen et même à 2012, quand il s’agissait de montrer la porte à Nicolas Sarkozy, les syndicats n’ont pas réussi à s’unir sur un itinéraire commun pour le traditionnel défilé du 1er mai, fête des Travailleurs.
Noyautée par des radicaux, la marche des groupes plus hostiles à Macron s’est soldée par des affrontements avec les policiers. Plusieurs ont été blessés, dont un grièvement brûlé.
MAJORITÉ
Évincés au premier tour, gardant les yeux sur les élections législatives de juin, les barons du Parti socialiste au pouvoir essaient de reprendre la main.
Désireux de se rendre indispensables aux yeux de celui qui aura besoin d’une majorité pour gouverner, ils organisent un meeting, comme on dit en français de France, pour appeler à voter Macron.
La rencontre a lieu à Dijon, bastion socialiste situé dans le seul département de l’est de la France qui n’a pas placé Marine Le Pen en tête au premier tour.
En approchant de la salle, on s’attendrait à plus d’effervescence. Il n’y a que le déploiement policier pour confirmer que le premier ministre Bernard Cazeneuve sera sur place.
Une fois à l’intérieur, on est bien au PS: les murs défraîchis sont tapissés de la «rose au poing». La foule est dense, étonnamment bigarrée et enthousiaste.
Elle semble ignorer que, quelques heures plus tôt, trois hauts responsables du parti ont annoncé son décès. Du nombre, l’ex-premier ministre Manuel Valls, frustré dans sa volonté d’être candidat à la présidence.
DIVISÉE
Emmanuel Macron fait l’indépendant; une association trop marquée au PS n’aiderait pas sa campagne.
Dans une entrevue télévisée, c’est avec fermeté qu’il a indiqué à Manuel Valls qu’il devrait rejoindre En Marche!, son parti en construction, s’il voulait participer à son gouvernement.
Les socialistes sont affaiblis, avec une gauche se présentant au second tour en désordre de bataille contre une extrême droite plus proche de l’Élysée que jamais.
Avec tout ça, 65 % des militants de la France insoumise, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, affirment qu’ils voteront blanc ou s’abstiendront.
Au 8 mai, lendemain de l’élection, Emmanuel Macron n’aura aucune raison de croire qu’il doit quoi que ce soit à la gauche.