La confiance est déjà minée
Le mot «confiance» est sur toutes les lèvres. Dans la foulée de l’affaire CharestBibeau et des allégations graves du président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, sur des enquêtes criminelles complétées contre deux libéraux, mais qui auraient été bloquées «en haut lieu», on s’inquiète de voir la confiance des citoyens envers les institutions en sortir fortement ébranlée.
Le vrai problème est en effet que plus personne ne sait vraiment qui dit vrai et qui dit faux. M. Francoeur dit-il vrai? Nommés par le gouvernement, les patrons du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) et de l’UPAC sont-ils ou non sous influence politique?
QUI DIT VRAI ?
Certains élus libéraux jouissent-ils d’une «immunité» policière? La demande tardive du DPCP pour une enquête criminelle sur les allégations de M. Francoeur peut-elle lever le doute sur son indépendance?
Comment se fait-il qu’autant d’élus issus d’une ère Charest discréditée sur le plan éthique siègent encore au gouvernement? Pourquoi des députés pourtant réputés irréprochables tels que Robert Poëti et Guy Ouellette se plaignent-ils de se sentir «tassés» par l’establishment libéral?
COMPLOT IMAGINAIRE
Dès qu’un énième squelette de l’ère Charest sort du placard, le gouvernement blâme toutefois les médias. Face aux reportages rigoureux de notre Bureau d’enquête, des ministres crient au complot médiatique.
L’automne dernier, un sondage Léger indiquait pourtant qu’à tort ou à raison, 79 % des francophones jugent l’ère Couillard aussi corrompue que l’ère Charest. Le gouvernement aurait dû en prendre bonne note.
La réalité brutale est que la confiance des citoyens envers leurs institutions, politiques, judiciaires et policières, était déjà gravement minée depuis les révélations troublantes de la commission Charbonneau. Les événements récents ne font qu’accélérer ce pourrissement déjà bien amorcé du climat politique.
D’ici l’élection de 2018, quel parti saura le reconnaître et offrir les bons remèdes pour ramener cette confiance perdue? Quel qu’il soit, ça commence à urger sérieusement.