L’ennemi commode
Les tribulations rencontrées par notre premier ministre pour composer le comité qui le conseillera dans sa consultation sur la discrimination systémique augurent peut-être d’un parcours aussi laborieux que celui du Parti québécois avec sa charte des valeurs. Aujourd’hui, ce sont des voix africaines et arabes qui se prétendent oubliées, demain ce sera peut-être des voix d’Amérique latine et aprèsdemain d’Asie. Le multiculturel Philippe Couillard aurait-il besoin d’un comité de mille personnes pour imaginer cet ennemi intérieur raciste et xénophobe utile à sa prochaine campagne électorale?
MOBILISER DANS LA CRAINTE
À l’instar de plusieurs dirigeants politiques, qui ont peu à offrir ou qui se présentent avec un bilan plutôt pauvre, notre premier ministre choisit d’inventer un danger qui nous guette et veut s’engager à lutter de toutes ses énergies pour l’endiguer. Il se range, avec moins d’ampleur, dans la catégorie des Trump et Le Pen qui construisent leur ascension sur un ennemi à combattre.
Pour la dirigeante du Front national, l’ennemi est l’immigrant et l’Europe est la source de tous les maux. Ils sont la cause d’une économie stagnante, d’un chômage galopant et de l’insécurité sur le territoire. Du côté états-unien, le président Trump semble en voie de servir une reprise des aventures de son prédécesseur Bush en Irak, mais cette fois-ci avec la Corée du Nord, en amplifiant démesurément le danger. Il faut dire qu’il avait besoin d’un ennemi extérieur pour faire oublier ses ratés à l’intérieur du pays.
LE COMBLE DU RIDICULE
Philippe Couillard ne peut nous entraîner dans une guerre ou ériger un mur à la frontière, mais il n’en est pas moins loufoque en nous prenant comme ennemi intérieur. Les préoccupations d’intégration avec un cadre de valeurs communes deviennent à ses yeux de la xénophobie à réprimer. En attendant, la communauté africaine ne veut pas être représentée par la communauté haïtienne, et ainsi s’érigea la tour de Babel.