Le Journal de Montreal

Hamad s’ennuyait comme une Roche

- rémi nadeau Chef du Bureau parlementa­ire à Québec remi.nadeau @quebecorme­dia.com

Dommage que le manque d’adrénaline soit un motif suffisant pour abandonner un mandat de quatre ans confié par les électeurs. Et qu’un député désabusé provoque la tenue d’une élection partielle dont le coût est évalué à 600 000 $. Ce ne devrait pas être le cas.

Mais Sam Hamad rongeait son frein depuis qu’il avait été expulsé du conseil des ministres, après un rapport critique du commissair­e à l’éthique. Il n’avait pas été blâmé, certes. Toutefois, après les révélation­s sur ses interventi­ons en faveur d’un projet de Premier Tech, dans lequel était impliqué Marc-Yvan Côté, Jacques Saint-Laurent a écrit qu’il avait manqué aux valeurs de l’Assemblée nationale.

Le cabinet du premier ministre a décidé de ne pas le réintégrer, Philippe Couillard cherchant par tous les moyens à se dissocier de l’ère Charest et des multiples allégation­s de trafic d’influence.

Au cours d’une rencontre que nous avions sollicitée récemment, Sam expliquait à quel point il trouvait difficile de rester sur le «banc», à la période de questions, pendant que d’autres profitaien­t mal de leur temps de glace.

On se rappelle pourtant qu’à ses débuts, ses premières interventi­ons au Salon bleu faisaient sourire. Un peu maladroit et très émotif, Sam ne maniait pas l’art oratoire avec aisance.

RÉTROGRADÉ

Après avoir porté le chapeau pour l’échec du Suroît, qu’il n’arrivait pas à défendre, Hamad a été retourné sur les banquettes une première fois. Puis, il a traversé une épreuve personnell­e en combattant un cancer.

Mais il a choisi de persévérer et de se rendre incontourn­able en prenant beaucoup de place dans la région de Québec.

Jean Charest l’a alors réintégré au Saint des Saints, puis le résilient soldat a pris beaucoup d’aplomb, avec la suite que l’on connaît.

Quand il nous confiait dernièreme­nt avoir «fait le tour du jardin», on comprenait qu’il n’avait plus espoir d’être rappelé sur la patinoire.

UNE DERNIÈRE CARTE

Des sources nous ont raconté que, l’automne dernier, alors que son successeur François Blais piétinait timidement, Sam faisait la tournée des promoteurs de Québec pour les assurer de son retour comme ministre de la CapitaleNa­tionale en janvier.

Il a peut-être cherché à forcer la main au cabinet, où il n’avait pas la cote chez certains proches de Philippe Couillard. Mais il a raté son pari.

Le premier ministre tentera de présenter une image de renouveau avec un grand remaniemen­t, possibleme­nt en juin, et Sam a choisi de ne pas poireauter dans la zone Molson Ex.

Ses qualités de leader et de rassembleu­r, et son esprit combatif manqueront à la région de la Capitale-Nationale.

Ironiqueme­nt, c’est sa mentalité de «donnant-donnant» qui a été à l’origine de sa chute. Bye-Bye, Sam…

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Sam Hamad a décidé de ne pas poireauter dans la zone Molson Ex.

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