Le Journal de Montreal

La Caisse ne s’engage pas à se retirer des paradis fiscaux

« Nous allons continuer à faire ces investisse­ments », soutient le PDG

- CHARLES LECAVALIER

QUÉBEC | La Caisse de dépôt refuse de s’engager à limiter ou à réduire ses investisse­ments dans des entreprise­s qui profitent des paradis fiscaux malgré la volonté de l’Assemblée nationale de lutter contre ce «cancer».

«Nous allons continuer à faire ces investisse­ments, car c’est quelque chose qui rend plus sécuritair­e la retraite des Québécois», a lancé son PDG Michael Sabia, qui comparaiss­ait devant les parlementa­ires hier pour l’étude des crédits budgétaire­s.

Le Journal a révélé que la CDPQ a des placements d’environ 26,2 milliards$ dans des compagnies enregistré­es dans des paradis fiscaux. En 2013, leur valeur était de 14,8 milliards $. Le PDG de la caisse M. Sabia a estimé que 50 % de cette hausse est dû aux rendements, et l’autre moitié s’explique par des investisse­ments additionne­ls.

Il s’est fait demander par des parlementa­ires d’agir pour réduire sa participat­ion dans ces entreprise­s, qui représente­nt près de 10 % des actifs de la CDPQ, ce qu’il n’a pas voulu faire. Le rapport sur le phénomène du recours aux paradis fiscaux, qui a été appuyé unanimemen­t par tous les partis de l’Assemblée nationale, réclame pourtant au bas de laine des Québécois de se retirer graduellem­ent des pays «fiscalemen­t neutres». Le président de la Commission, le libéral Raymond Bernier, le lui a rappelé. «La Caisse est un élément très important pour combattre les paradis fiscaux», a-t-il lancé à M. Sabia.

PAS POSSIBLE

À une question du caquiste François Bonnardel, il a rétorqué qu’il n’était pas possible pour la Caisse de s’engager à plafonner à 10 % ses actifs dans les paradis fiscaux. «Il est important que la Caisse continue de chercher des transactio­ns à travers le monde», a-t-il dit.

Dans plusieurs pays de l’OCDE, incluant le Canada et les États-Unis, la CDPQ est déjà exemptée d’impôt sur ses rendements. Lorsqu’elle investit dans un territoire où il n’y a pas d’entente, la Caisse s’efforce d’éviter la «double imposition» et va chercher à conclure la transactio­n dans une juridictio­n «fiscalemen­t neutre», a expliqué M. Sabia. Pour le péquiste Nicolas Marceau, la Caisse profite cependant de bénéfices plus généreux puisque ces compagnies sont plus concurrent­ielles, car «elles paient moins d’impôt».

M. Sabia a souligné que la CDPQ ne collabore pas avec les entreprise­s qui pratiquent l’évasion fiscale. Il estime toutefois que la Caisse ne peut lutter seule contre le phénomène global d’évitement fiscal et des paradis fiscaux, et qu’il tentait toujours de convaincre ses partenaire­s de faire affaire dans des pays à la fiscalité moins douteuse.

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Le PDG de la Caisse de dépôt et placement, Michael Sabia (photo), a indiqué aux parlementa­ires qu’il ne comptait pas réduire les investisse­ments dans les entreprise­s qui font affaire dans des paradis fiscaux.

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