Le Journal de Montreal

La cucaracha... la cucaracha

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LAS VEGAS | À un moment donné, c’était inévitable. Il le fallait. On ne peut pas avoir sept ou huit mariachis sur un ring de boxe avec des milliers de Mexicains délirants dans un gigantesqu­e lobby de casino à Las Vegas sans qu’ils ne se mettent à chanter La cucaracha!

Invitez des mariachis à chanter à Ouagadougo­u, au Burkina Faso, dans un festival mexicain, et vous allez entendre La cucaracha. J’exagère un tout petit peu mais j’ajouterai que même les Africains connaissen­t la Cucaracha.

La planète connaît La cucaracha, pas juste les Québécois qui sont allés à Playa del Carmen et à Acapulco quand c’était à la mode.

Hier, pendant que tout le monde était fou en attendant Canelo Alvarez, le dieu du Mexique, je me suis informé sur le sens de cette chanson. Une chanson qui a traversé les siècles.

Pour apprendre que ça pourrait servir d’hymne au Parti libéral du Canada et à Justin. Paraîtrait, m’a-t-on expliqué, que La cucaracha est une forme argotique qui sert à désigner la marijuana. Ce serait le sens caché de la chanson.

Autrement dit, Justin pourrait la chanter toutes les fois qu’il y aura de la visite au Palais royal à Ottawa l’année prochaine.

Le sens propre de La cucaracha, ça aussi les Québécois le connaissen­t bien. C’est la coquerelle. Mais ça sonne vraiment mieux en espagnol.

VIRÉ SUR LE TOP

Déjà, à l’aéroport de Las Vegas, on savait que la semaine serait spéciale. Six Québécois, dont un aimable représenta­nt de la Brasserie Molson, étaient en visite dans la capitale du vice. Ils avaient essayé de mettre la main sur des billets mais même en passant par Eye of the Tiger Management, ça jouait entre 400 $ et 1200 $ le ticket. Fait que les gars se sont dit qu’ils loueraient le combat dans leur chambre d’hôtel.

Ça ne fera pas de peine à Oscar De La Hoya puisque tous les billets se sont vendus en moins de huit heures il y a des semaines.

Au MGM Grand, il y avait une affiche: Media check in. Privilège pour les journalist­es que je me suis dit. En réalisant que nous étions 350 à faire la queue pour profiter du privilège.

L’hôtel est plein et quand on est attentif, on entend de l’anglais. Sinon, le MGM est devenu une annexe de Mexico et de Guadalajar­a. Y a que des Mexicains et des Mexicaines. Surtout les jeunes dames des réseaux de télévision mexicains qui sont vêtues pour se rendre dans une discothèqu­e sexy. Ça explique peut-être pourquoi les cotes d’écoute montent facilement à la télé hispanique.

Même les boxeurs des combats préliminai­res ont eu droit à un accueil délirant. Plus on avançait dans les arrivées sur le tapis de tuiles, plus ça hurlait et plus les mariachis sonnaient la trompette.

Quand David Lemieux a fait son entrée, tout a explosé. Pourtant, Lemieux est blanc et québécois. Mais il est beau et sa réputation de boxeur spectacula­ire lui crée une auréole qui déborde les frontières du Québec.

Le patron de Eye of the Tiger Management, Camille Estephan, qui faisait office de garde du corps derrière Lemieux n’avait que le mot malade en tête. «C’est malade. C’est complèteme­nt malade», disait-il pour décrire l’ambiance.

ANDRADE… POUR DAVID

Librado Andrade, celui qui a failli faire déraper la carrière de Lucian Bute quand c’est un compte hésitant de l’arbitre Marlon B, Wright qui a peut-être sauvé Bute, était tout sourire en assistant à la scène.

«Je suis Mexicain mais samedi je vais prendre pour David Lemieux. Je connais David, c’est une bonne personne, un homme gentil et je veux l’encourager», a expliqué Andrade.

Il est à Vegas pour veiller sur Julio Cesar Chavez Jr, qui devrait se faire démolir par Canelo.

«Je travaille pour PBC et Al Haymon. Et Chavez est un de nos boxeurs. Par ailleurs, je serai à Montréal le 3 juin pour le combat d’Adonis Stevenson. J’aimerais aller visiter Marlon Wright, qui est très malade. Je ne lui en veux pas une miette», de dire Andrade.

C’est en remontant à ma chambre que la question m’est venue en tête. Pourquoi Chavez, de PBC, peut-il se battre contre Canelo sur le réseau HBO alors qu’Adonis Stevenson, du même PBC, ne peut affronter Sergey Kovalev sur le même réseau HBO?

La réponse est assez évidente. Canelo va vendre 1,5 million de commandes de son combat à 75 $ US… plus les taxes. On parle de plus de 110 millions. Et pas des pesos, des dollars verts. Contre Amir Khan, Canelo a touché 26,5 millions US. On s’attend à une quarantain­e de millions contre Chavez. Ce dernier va toucher le gros lot lui aussi.

Vous comprenez pourquoi Camille Estephan tisse sa toile pour rendre inévitable un combat entre Lemieux et Alvarez?

UNE COURSE DANS LE PARC

Parlant de Lemieux, il est entré dans sa bulle dès son arrivée, lundi soir. Hier matin, avant que le soleil ne plombe trop sur Vegas, il est allé courir quelques kilomètres dans un parc et il a terminé sa soirée par une autre session d’entraîneme­nt dans le gym de l’hôtel.

Déjà hier, il n’était pas très jasant. La tâche de Marc Ramsay et de Camille Estephan n’est pas si simple pour le reste de la semaine. Ils doivent édifier un environnem­ent dans lequel David Lemieux sera tranquille et pourra perdre ses dernières livres sans trop perdre d’énergie pour le combat.

Mais à Vegas, c’est un combat avant le combat.

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Canelo Alvarez est vénéré au Mexique.
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