Le Journal de Montreal

Ça sent le complot

- Marc de foy marc.defoy@quebecorme­dia.com

Mario Lemieux doit être furieux. Pendant que son joueur de concession Sidney Crosby sera sur la touche ce soir, ses agresseurs Alex Ovechkin et Matt Niskanen feront de leur mieux pour aider les Capitals de Washington à égaler la série qui les oppose aux Penguins de Pittsburgh.

La Ligue nationale de hockey a décidé que la sentence d’expulsion imposée à Niskanen lors du match de lundi soir, pour son double-échec au visage de Crosby, suffisait. Elle n’a pas jugé valable de le convoquer à une audience.

Quant à Ovechkin, il s’en tire blanc comme neige.

Pourtant, on l’a tous vu, c’est le coup de bâton brutal qu’il a asséné à Crosby, alors que celui-ci venait de couper au filet des Capitals, qui a déclenché l’incident. Il l’a frappé d’abord à l’épaule droite, après quoi son bâton l’a atteint derrière la tête.

Le choc a fait bifurquer Crosby sur sa droite et c’est alors qu’il est entré en collision avec Niskanen.

COFFEY S’INTERROGE

Les images sont sans équivoque. Dans une entrevue au réseau Sportsnet hier, l’ancien défenseur Paul Coffey demandait pourquoi on ne portait pas plus attention au geste posé par Ovechkin.

Tu en demandes trop, ti-Paul. Une autre commotion cérébrale vient de s’ajouter au dossier médical de Crosby. Pas grave! Avez-vous vu, par ailleurs, le point de presse de Barry Trotz après le match? L’entraîneur des Capitals a qualifié la collision entre Crosby et Niskanen de concours de circonstan­ces.

Si on a bien compris Trotz, son défenseur ne pouvait éviter de frapper Crosby au visage avec son bâton.

Lorsque le journalist­e Bob Rossi, du Pittsburgh Post-Gazette, lui a demandé s’il considérai­t aussi le coup de bâton d’Ovechkin comme circonstan­ciel, son visage s’est durci.

«Y a-t-il eu pénalité?» a demandé Trotz. «Je ne comprends pas (la question).» Et Rossi de lui demander: «Faut-il nécessaire­ment qu’un incident s’inscrive dans la pratique du jeu pour qu’il y ait pénalité? Était-ce le cas en ce qui concerne Ovechkin?» Trotz n’a pas aimé la question. «Non, je ne défendrai rien, a-t-il répondu. Est-ce que le coup prémédité de Chris Kunitz à l’endroit de T.J. Oshie était acceptable? Ou celui porté contre Nicklas Backstrom?»

«Je ne faisais que poser la question», s’est défendu le journalist­e.

«Je ne commencera­i pas à débattre de ces choses-là, a rétorqué Trotz. C’est une question épouvantab­le.»

«Donc, tu penses que non, Barry?», de continuer Rossi.

«Prochaine question, a répliqué Trotz. Tu as eu ta réponse.»

AU-DELÀ DE LA LÉGALITÉ

En d’autres termes, c’est défendu, mais tout le monde le fait. Surtout en séries. C’était écrit dans le ciel que les séries ne se terminerai­ent pas sans qu’un joueur vedette n’écope physiqueme­nt. C’est souvent ainsi. Après la dégelée des siens dans le deuxième match à Washington, Trotz a déclaré que ses joueurs devraient user de plus de robustesse dans les rencontres à venir.

La ligne est mince entre robustesse et rudesse. On a beau dire que les entraîneur­s ne demandent pas à leurs joueurs de sortir un rival et que les joueurs ne jouent pas avec l’intention de blesser un rival, on peut le penser.

Ovechkin a des antécédent­s en matière de coups de bâton. Crosby aussi. Il y a un peu plus d’un mois, il a broyé un doigt du défenseur Marc Méthot, des Sénateurs d’Ottawa, d’un percutant coup de hache.

PAS UN MOT DE TRAVERS

Vous aurez remarqué que pendant tout ce temps, personne chez les Penguins n’a dit un mot gros comme ça contre Niskanen et Ovechkin.

L’entraîneur Mike Sullivan s’est tourné la langue en disant qu’il préférait garder son opinion pour lui.

Probableme­nt parce que lorsque tu en dis plus que ce que Gary Bettman veut entendre, tu t’exposes à une amende salée.

Geoff Molson fut rappelé à l’ordre quand il s’avisa d’acheter des pages de publicité dans les quotidiens de Montréal pour aviser la clientèle de son équipe qu’il entendait changer les choses dans la foulée de l’incident Chara-Pacioretty.

Mario Lemieux avait reçu, lui aussi, un appel de Bettman lorsqu’il s’était demandé sur la place publique s’il voulait rester associé à un produit qui tolérait des foires comme celle qui était survenue entre les Islanders et son équipe lors d’un match à Long Island.

Attendez-vous à ce que Connor McDavid tombe au combat, victime d’un coup déloyal, l’un de ces soirs.

Après ça, ils se demandent pourquoi leur produit ne pogne pas plus à la télévision américaine.

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