Le Journal de Montreal

IL REFUSE DE QUITTER SA MAISON

En dépit des inondation­s, Christian Grenier ne veut pas partir de sa demeure de Rigaud, qu’il possède depuis presque 20 ans. «C’est ma vie, ici», dit-il.

- Marie-ève dumont

RIGAUD | Christian Grenier refusait toujours de quitter sa maison hier à Rigaud, même si la grande majorité de ses voisins avaient déjà évacué leur domicile devant les inondation­s qui perdurent depuis trois semaines.

«C’est chez moi, c’est où je me sens en sécurité, ce sont mes choses. On ne peut pas comprendre tant qu’on ne l’a pas vécu, c’est difficile de tout laisser derrière soi», soutient-il.

La maison de M. Grenier est entièremen­t entourée d’eau. Pour s’y rendre, il faut prendre une embarcatio­n, car il y a près de cinq pieds d’eau devant sa résidence.

Dans sa cave, quatre pompes fonctionne­nt à plein régime afin d’éviter que l’eau ne se propage à l’intérieur. Des sacs de sable ont aussi été installés devant les fenêtres à la hauteur du sol.

«Lorsque les sacs de sable ne seront plus suffisants et que l’eau va se mettre à entrer par les fenêtres, on n’aura d’autre choix que de partir. Pour le moment, j’ai très peu d’eau à l’intérieur», mentionne-t-il.

Depuis le 26 mars, le niveau d’eau de la rivière des Outaouais a augmenté de 2,35m. Dans son quartier, près de la rue Denise, presque tous les résidents ont été évacués. Plusieurs ont été pris en charge par la Croix-Rouge et séjournent dans un hôtel de la région.

Une partie d’entre eux étaient quand même revenus hier aider d’autres résidents à installer des sacs de sable ou à transporte­r du matériel en canot.

« C’EST MA VIE ICI »

Environ 340 résidences étaient menacées par les eaux à Rigaud et 104personn­es étaient évacuées, selon le dernier bilan hier soir.

Le maire Hans Gruenwald a une nouvelle fois imploré les citoyens de quitter leur maison durant la journée. Des embarcatio­ns ont été nolisées pour effectuer des évacuation­s et l’armée est arrivée en renfort.

M. Grenier vit dans sa maison depuis 1999 et il n’a jamais vu une telle crue des eaux.

«C’est ma vie ici, j’ai investi, et du jour au lendemain, tout est menacé. On fait ce qu’on peut, mais au fond, on est tellement impuissant devant ce qui arrive», laisse-t-il tomber, au bord des larmes.

M. Grenier aurait aimé recevoir de l’aide pour sauver sa maison plutôt que les efforts qu’on fait maintenant pour le forcer à partir.

LEVER LES MAISONS

«S’ils le savaient qu’il y aurait tant de pluie, pourquoi ils ne nous ont pas aidés à apporter des sacs de sable, à mettre des bâches en plastique?» demande-t-il.

M. Grenier aimerait aussi que le gouverneme­nt prenne des mesures après le sinistre afin d’éviter d’autres inondation­s du genre à l’avenir.

«Si le gouverneme­nt veut vraiment nous aider, il faut qu’il nous permette de lever nos maisons. On va éviter tous ces problèmes, tous ces dommages inutiles que les assurances ne couvrent pas. Pour le moment, on est limités à une certaine hauteur. Il faut changer les règlements pour améliorer notre situation», insiste-t-il.

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 ??  ?? Dans le quartier de Christian Grenier (en mortaise), à Rigaud, l’eau était maintenant à certains endroits à la hauteur du panneau Arrêt.
Dans le quartier de Christian Grenier (en mortaise), à Rigaud, l’eau était maintenant à certains endroits à la hauteur du panneau Arrêt.

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