Le Journal de Montreal

À 83 ans, elle continue de cuisiner et de servir des repas

Employée du même restaurant depuis 51 ans, l’octogénair­e ne songe pas à la retraite

- CATHERINE MONTAMBEAU­LT

Malgré ses 83 ans, Agnès Viens travaille encore comme cuisinière et serveuse trois jours par semaine, pour un total de 36 heures de boulot. Et celle que les clients appellent «maman» ne compte pas prendre sa retraite de sitôt.

«Pour rester jeune, c’est important de travailler, il faut rester actif», affirme Mme Viens quand on lui demande son secret pour vivre longtemps et en bonne santé.

«Et ici, je suis toujours en train de marcher!» lance-t-elle.

Toujours coquette, Agnès Viens se fait coiffer afin, chaque jeudi, d’être en beauté pour sa fin de semaine de besogne.

Les vendredis et dimanches, c’est elle qui est aux fourneaux du restaurant Le Chalet, à Saint-Hyacinthe.

FIDÈLE CLIENTÈLE

Le samedi, elle prend plutôt le rôle de serveuse, au plus grand plaisir des clients du commerce qui connaissen­t bien la chaleureus­e octogénair­e.

«C’est plus payant de faire le service, remarque Mme Viens. Même à mon âge, je reçois encore pas mal de pourboires!»

Au fil des ans, Agnès Viens s’est assuré une clientèle fidèle, qui vient régulièrem­ent non seulement pour goûter ses délicieux plats, mais aussi pour prendre de ses nouvelles.

«Elle prend tellement soin de ses clients qu’une fois elle a fait son fameux gâteau au chocolat et elle m’a appelé à 19 h 30 pour me dire qu’il sortait du four, raconte Roger St-Germain. Je suis venu le manger!»

«Il était en pyjama», se souvient Mme Viens en éclatant d’un rire contagieux.

«Moi, ça fait 37 ans que je viens au resto, alors Agnès a vu grandir mes enfants», souligne quant à lui René Lacasse.

COMME UNE DROGUE

Agnès Viens travaille au Chalet depuis que le restaurant, qui appartient à son fils Luc Rainville, a ouvert ses portes le 6 juin 1966.

Jusqu’à l’été dernier, l’octogénair­e effectuait huit quarts de travail en sept jours, 52 semaines par an.

Des douleurs au dos l’obligent désormais à ralentir la cadence, mais aucune occasion n’est assez importante pour qu’elle prenne congé.

Elle avait d’ailleurs reçu des infiltrati­ons de cortisone deux semaines plus tôt. Dès le lendemain, elle était de nouveau au restaurant malgré la réticence des médecins.

«J’étais pas pire!» affirme-t-elle avec son air taquin.

«Pourquoi je continue? Parce qu’il y a encore de l’ouvrage à faire! s’exclame Mme Viens. Je me sens mieux quand je travaille que quand je ne fais rien.»

«Voir du monde, c’est comme une drogue, ajoute-t-elle. Tout le monde me connaît, ici. Quand les clients arrivent ou partent, ils me disent “allo, maman”, “bye, maman”.»

LA MALADIE, PAS POUR ELLE

Lorsqu’on lui demande si elle pense à la retraite, Mme Viens est catégoriqu­e: elle travailler­a tant que sa santé le lui permettra.

«C’est sûr que les affaires pesantes, comme les gros chaudrons, je ne suis plus capable de soulever ça», admet-elle.

«Et je transporte maintenant deux assiettes à la fois au lieu de quatre. Mais le reste, je suis encore en mesure de le faire.»

«Je ne pense pas à la maladie ou à la mort», confie celle qui a quatre enfants et six petits-enfants.

«Ce n’est pas pour moi, ça! Si je passe mon temps à penser à la mort, je vais être triste en crime et je vais être ennuyante!»

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Agnès Viens, 83 ans, travaille depuis 51 ans au restaurant Le Chalet à Saint-Hyacinthe qui appartient à son fils.

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