Une facilité qui dérange des élus
La facilité à se procurer des friandises contenant du THC révélée par notre dossier a fait réagir les partis d’opposition à Ottawa. Santé Canada reconnaît pour sa part les risques encourus par la population en consommant ces produits , «puisqu’ils «n’ont pas été testés, qu’[ils] sont non réglementés et qu’[ils] peuvent être dangereux». «La réglementation appropriée du cannabis comestible est un processus complexe», affirme de son côté le ministère de la Justice du Canada.
RÉACTIONS RECUEILLIES PAR ANNABELLE BLAIS ET BORIS PROULX
Bureau e’enquête
«C’est extrêmement dangereux, et le projet de loi que le gouvernement a déposé pour la légalisation de la marijuana ne traite aucunement des produits dérivés qui incluent la marijuana. […] En ce moment, c’est complètement illégal, et il n’y a aucune raison qui justifie que le gouvernement n’applique pas la loi, qu’il ne ferme pas, ou en tout cas ne bloque pas ce type de vente par internet.»
— Alain Rayes, député conservateur de Richmond-Arthabaska
«Comme c’est déjà en ligne, déjà accessible pour les jeunes, il faut que le gouvernement se penche là-dessus. Pour l’instant, moins de 2 M$ sont accordés à la prévention en général, pas que sur la marijuana. […] Dans la loi, au niveau de la commercialisation, il n’est pas censé y avoir d’images ou d’emballages attrayants. Cette forme-là de mise en marché de la marijuana, il va falloir que ce soit réglementé aussi, parce que les jeunes vont être très attirés par ça.»
— Anne Quach, députée néo-démocrate de Salaberry-Suroît
«Il n’y a pas de mécanisme juridique autorisant des “dispensaires de cannabis” ou des “clubs de compassion” à vendre du cannabis au public. Le seul moyen légal de se procurer du cannabis est de le faire auprès d’un producteur désigné, conformément au Règlement sur l’accès au cannabis à des fins médicales.»
— Sergent Harold Pfleiderer, agent de relation avec les médias à la GRC
«Que ce soit accessible maintenant, c’est illégal et irresponsable. […] Moi je pense qu’il faudra un encadrement strict. Mais il faudra avoir plus d’avis, parce que c’est la santé qui est en cause. Il faudra bien s’assurer que ce ne soit pas accessible aux adolescents, aux enfants.»
— Martine Ouellet, chef du Bloc québécois
«Un comité interministériel regroupant plus d’une douzaine de ministres ainsi qu’un groupe de travail conjoint avec l’Ontario a été mis en place. Ils auront l’occasion de se pencher sur différents aspects concernant la légalisation du cannabis, dont les produits comestibles pouvant contenir du THC.»
— Cabinet de la ministre Lucie Charlebois, déléguée à la Protection de la jeunesse et la Santé publique
«Ces entreprises s’approvisionnent illégalement et fournissent des produits qui n’ont pas été testés, qui sont non réglementés et qui peuvent être dangereux. [...] Les Canadiens autorisés par leur professionnel de la santé à utiliser du cannabis à des fins médicales peuvent l’obtenir légalement auprès d’un des 43 producteurs homologués par Santé Canada qui sont autorisés à vendre du cannabis (cannabis frais et séché, et huile de cannabis).»
— Gary Scott Holub, agent de relation avec les médias pour Santé Canada
«La conception d’un régime de réglementation approprié du cannabis comestible est un processus complexe. […] Suivant l’entrée en vigueur de la loi proposée, notre gouvernement élaborera et publiera un règlement [...] afin d’autoriser la vente de produits comestibles.»
— Cabinet de la ministre de la Justice du Canada Jody Wilson-Raybould
«Il reste beaucoup de choses dans la légalisation et dans la réglementation que nous devrons faire après le projet de loi. La ministre a dit à plusieurs reprises que ce n’est pas parce que nous légalisons qu’il n’y a pas de risques: il y a toujours des risques. Les produits faits à partir de cannabis sont illégaux, et ce, jusqu’à la légalisation. Le projet de loi est en processus parlementaire, mais jusqu’à la légalisation, c’est encore illégal. Nous n’avons pas [encore] les pouvoirs réglementaires pour des produits du cannabis, c’est pourquoi nous avons introduit un projet de loi.»
— Bureau de la ministre de la Santé du Canada, Jane Philpott