Le Journal de Montreal

Les dispensair­es virtuels, pas pour les gens malades

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Même s’il est un habitué du cannabis, Stéphane Roy ne mangera jamais des bonbons achetés d’un obscur dispensair­e virtuel pour traiter les douleurs associées à son cancer colorectal.

Pourtant, plusieurs dispensair­es virtuels mettent de l’avant sur leur site web qu’ils veulent venir en aide aux patients à la recherche de cannabis médical. «Les bonbons qu’on trouve sur le web? Oh mon Dieu! ça ne m’intéresse pas du tout. Mon huile me convient», souligne Stéphane Roy. Malgré tout, c’est sur le marché noir qu’il réussit à trouver de l’huile de cannabis qui lui permet de calculer avec précision la quantité qu’il ingère. M. Roy n’a pas consulté un médecin pour tenter d’obtenir une prescripti­on de cannabis médical. Lorsque le quinquagén­aire a reçu son diagnostic en 2014, un ami lui a alors parlé des bienfaits de la drogue pour les gens atteints de cancer. «J’avais déjà fumé à l’adolescenc­e, mais je n’avais pas envie d’inhaler, ça va juste dans les poumons», dit-il. Après plusieurs recherches et discussion­s sur des groupes de discussion, il a trouvé un vendeur d’huile de cannabis. Il préfère taire l’identité de son fournisseu­r. Mais il s’agit d’une personne en qui il a pleinement confiance. Depuis le début de l’année 2016, il consomme donc de l’huile en suppositoi­re. Il a commencé par de petites quantités et consomme aujourd’hui environ un gramme de cannabis par jour.

Une seule fois, il a pris une quantité trop importante. «J’ai pas mal dormi», dit-il en riant. Mais règle générale, il n’a pas de surprise avec l’huile.

« TOUT CROCHE »

Pour le Dr François Hallé, vice-président aux affaires médicales et scientifiq­ues pour Marijuana for Trauma qui aide les anciens combattant­s, un plan de traitement médical sérieux ne passe pas par internet.

«On ne recommande pas les Gummy Bears, on ne sait pas ce qu’il y a là-dedans, affirme-t-il. C’est illégal et c’est tellement tout croche, on ne sait rien de la qualité. Ça peut être fait dans le soussol de quelqu’un, on n’en sait rien.»

La méthode orale la plus efficace est de consommer de l’huile, selon lui. Marijuana for Trauma ne suggère que des producteur­s autorisés au pays. Ces derniers peuvent commercial­iser des huiles de cannabis avec des dosages très précis. Il leur est interdit de vendre des produits cuisinés.

Mais le médecin reconnaît qu’il y a des avantages à consommer oralement son pot puisque l’effet est plus long. Certaines huiles ne contiennen­t que très peu de THC, donc elles n’ont pas d’effet euphorisan­t.

Elles sont surtout concentrée­s en cannabidio­l (CBD) qui aide à traiter les inflammati­ons, les nausées et l’anxiété.

«Mais parfois pour une douleur aiguë subite, on peut fumer. L’effet est plus rapide, mais dure 90 minutes environ.»

Depuis qu’il consomme de l’huile de cannabis, Stéphane Roy dort beaucoup mieux et a un meilleur appétit. Pendant les traitement­s de chimiothér­apie, la marijuana l’aidait à atténuer les symptômes de nausée.

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PHOTO CHANTAL POIRIER Stéphane Roy est un habitué du cannabis, puisqu’il en prend quotidienn­ement pour traiter ses douleurs. Mais il ne toucherait jamais aux friandises vendues sur internet.
 ??  ?? Stéphane Roy consomme l’huile de cannabis en suppositoi­res, confection­nés à base d’huile de noix de coco.
Stéphane Roy consomme l’huile de cannabis en suppositoi­res, confection­nés à base d’huile de noix de coco.
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