L’enquête mâchurer secoue Les murs
« Pas d’impunité pour personne », a dit le commissaire de l’UPAC Robert Lafrenière
QUÉBEC | Mâchurer, un mot qui signifie barbouiller, souiller de noir. Un mot qui, désormais, doit donner des nuits blanches à certains.
«Mâchurer, c’est moi qui a déclenché cette enquête en 2013, à la suite d’une autre enquête», a déclaré le commissaire de l’UPAC, Robert Lafrenière, lors de son témoignage, jeudi dernier, devant la Commission sur la Sécurité publique de l’Assemblée nationale.
Le grand patron de l’UPAC aurait donc luimême flairé une odeur de corruption qui n’aurait pas été complètement nettoyée par la commission Charbonneau. Il a envoyé ses limiers soulever un peu plus les pierres pour prouver un système de financement politique illégal, reposant sur une formule de prête-noms, en retour de nominations ou d’octroi de contrats publics.
Il y a deux semaines, notre Bureau d’enquête a révélé ce qui est qualifié de première dans l’histoire du Québec: un ex-premier ministre, Jean Charest, et le grand argentier du Parti libéral, Marc Bibeau, ont fait et font toujours l’objet d’une enquête criminelle, l’enquête Mâchurer.
« IL FAUT S’EN OCCUPER »
Messieurs Charest et Bibeau, dont l’amitié est reconnue par des témoins interrogés par les enquêteurs de l’UPAC, ont même fait l’objet de filature jusqu’aux lignes américaines, un véritable scénario hollywoodien.
Ces révélations ont secoué les murs de l’Assemblée nationale et rappelé à celles et ceux qui pensaient avoir échappé à la commission Charbonneau que la justice risque un jour de les rattraper.
«Il n’y a pas d’impunité pour personne, a dit le commissaire Lafrenière. Au contraire, quand il est question d’un élu, c’est un facteur aggravant et il faut s’en occuper.»
LES TROIS FONT LA PAIRE
Un diagramme obtenu et dévoilé par notre Bureau d’enquête illustre clairement aux yeux de l’UPAC «le financement politique illégal» qui aurait eu cours au PLQ entre 2003 et 2012.
Jean Charest, Marc Bibeau et Violette Trépanier, l’ex-directrice des finances du PLQ, y apparaissent.
Nominations et contrats pouvaient résonner dans la caisse électorale du parti. «Je croule sous les piassesssss (piastres)», peuton lire dans un courriel de Mme Trépanier obtenu par notre Bureau d’enquête et dévoilé cette semaine.
D’autres courriels, adressés ou émanant de Mme Trépanier, ont démontré que cette employée du Parti libéral a eu une mémoire sélective lors de son témoignage devant la commission Charbonneau.
Tellement sélective que l’opposition péquiste suggère une enquête pour parjure.
Le commissaire Lafrenière l’a martelé, les fuites n’auront aucun impact sur la suite des choses. L’enquête Mâchurer «va avoir une conclusion».
Il y a en effet une obligation de résultat pour Robert Lafrenière et l’UPAC, au risque de se retrouver eux-mêmes… mâchurés.