À l’ombre du baron
LE ROMAN DE LA SEMAINE Avec ce livre particulièrement troublant, on atterrit directement à Haïti… aux pires heures du régime de François Duvalier.
En 1965, Haïti est le pays de tous les dangers. Depuis qu’il est dirigé par François Duvalier, dont l’un des grands plaisirs est de s’habiller en Baron Samedi (le gardien vaudou des cimetières), les tontons macoutes sont partout, et des dizaines de milliers d’hommes et de femmes ont déjà été sauvagement assassinés dans les rues de Port-auPrince ou exécutés entre les murs suintants de Fort Dimanche.
Dans ce régime de terreur, Raymond L’Éveillé, qui est chauffeur de taxi, parvient difficilement à gagner assez d’argent pour nourrir femme et enfants. Non seulement parce que les touristes se font de plus en plus rares, mais parce que le couvrefeu instauré par Papa Doc l’oblige à terminer ses journées ridiculement tôt. Ce qui ne l’empêchera pas de porter gratuitement secours à un journaliste rebelle poursuivi par les macoutes, sa vieille Datson déglinguée pouvant encore distancer les jeeps de la milice paramilitaire. Mais ce faisant, il mettra sa propre famille en danger. Et malheureusement, il ne pourra pas compter sur l’aide de son frère Nicolas, avec lequel il n’a jamais réussi à s’entendre. Éminent prof de droit, Nicolas a en effet d’autres chats à fouetter: travaillant sur un livre dénonçant toutes les horreurs de la dictature duvalienne, il songe plutôt à quitter le pays… sans se douter qu’il sera bientôt arrêté et envoyé à Fort Dimanche. Un revirement total de situation qui obligera Raymond à tenter l’impossible pour le tirer de là à temps.
Un roman bouleversant, qui nous permet réellement de sentir et de voir ce que les Haïtiens ont subi durant ces très sombres années.