L’issue tragique d’une histoire d’amour
L’écrivain français Philippe Besson, auteur de nombreux best-sellers dont Un tango en bord de mer et Se résoudre aux adieux, présente «Arrête avec tes mensonges», son livre le plus personnel, le plus intime, qui raconte son histoire d’amour secrète avec un copain de lycée.
Alors que Philippe Besson était enfant, sa mère lui répétait sans arrêt: «Arrête avec tes mensonges», parce qu’il inventait des histoires et qu’elle n’arrivait pas à démêler le vrai du faux. Il a fini par en faire un métier et devenir écrivain.
Seulement, dans ce livre, il dit la vérité et raconte sa bouleversante histoire d’amour avec Thomas Andrieu, gardée secrète, et dont l’issue est tragique.
«Je pense que j’ai écrit ce livre en pensant évidemment très fort à lui. On m’apportait tout d’un coup la fin de l’histoire, si triste et si brutale que ça m’a percuté», commente Philippe Besson, en entrevue.
Il avait aussi la volonté que ce disparu n’en soit pas un, en réduisant l’absence et en luttant contre cette disparition.
«Il n’y a qu’en écrivant l’histoire que j’étais capable de le retrouver, de le rendre vivant et de témoigner de ce qu’il a été, de l’impact considérable que l’histoire vécue avec lui a eu sur ma vie, sur l’homme que je suis devenu; sur l’écrivain que je suis devenu.»
L’URGENCE DE RACONTER
Tout d’un coup, l’écrivain a ressenti la nécessité — et même l’urgence — de raconter cette histoire. «D’habitude, quand j’écris des romans, ce qui me guide avant tout, c’est le plaisir, c’est la malice, c’est l’envie de raconter des histoires, en espérant qu’on y croira. Là, c’était le besoin de dire la vérité, de la dire de manière nue, de manière crue. Il fallait qu’on sache qui il était.»
Son écriture, transparente, lui a demandé beaucoup, émotivement.
«Je suis passé par des stades très différents: à la fois, j’avais envie que le livre sorte, pour que les gens connaissent Thomas Andrieu. Et puis, après, il y avait beaucoup d’inquiétude et d’anxiété chez moi parce que je me disais: est-ce que j’ai trouvé le bon ton pour parler de lui? Je voulais qu’il n’y ait aucune impudeur, aucun pathos.»
Il a écrit le livre d’une traite, en moins d’un mois.
«Je n’ai fait que ça. Je suis entré dans la folie d’écriture. J’ai disparu de la vie sociale. Je n’étais plus qu’avec le livre qui devait s’écrire — ce qui ne m’était jamais arrivé.»
TRANSPARENCE
C’est la première fois qu’il parle avec autant de transparence de sa vie intime. «Il fallait dire toute la vérité. Ça voulait dire ne pas faire appel à mon imaginaire, mais faire appel à ma mémoire. Et du moment où je le faisais, il fallait le faire de la manière la plus franche possible. Il y a des choses que j’ai transposées, pour ne blesser personne, mais c’est une histoire qui est absolument vraie. Il fallait juste en faire un objet littéraire, pas simplement être un aveu, une façon de dire. Ça méritait un livre, avec un rythme, une voix, un souffle, une émotion palpable.»
En France, le livre connaît un très grand succès: numéro un des ventes, plus de 100 000 exemplaires vendus en très peu de temps.
Philippe Besson ne s’y attendait pas du tout.«J’ai été le premier surpris par l’ampleur du succès. On est en train de le vendre au cinéma, et on est en train de le vendre à l’étranger. Il se passe quelque chose avec ce livre», commente-t-il en entrevue. «Je savoure le moment.»