Le Journal de Montreal

Le coeur avant la tête

- FRÉDÉRIC MERCIER

J’aurais toutes les raisons du monde de déconseill­er l’achat d’un Jeep Wrangler.

Énergivore comme deux, l’iconique Jeep n’a à peu près pas changé depuis plus de 10 ans, et ça paraît. À tous les points de vue, c’est un véhicule complèteme­nt dépassé. Un anachronis­me sur le marché automobile.

Et pourtant, je m’achèterais un Wrangler demain matin.

LA PASSION AVANT LA RAISON

D’un point de vue rationnel, l’achat d’un Jeep Wrangler est à peu près impossible à justifier. Parce qu’à part ses capacités hors route exceptionn­elles (que la grande majorité des propriétai­res n’exploitero­nt jamais), c’est un modèle qui ne sert franchemen­t pas à grand-chose.

Pour moins cher, vous pouvez facilement trouver un VUS plus spacieux, mieux équipé et beaucoup plus écoénergét­ique.

Mais voilà. L’automobile, ce n’est pas qu’une affaire de raison. C’est aussi une histoire de coeur. Et c’est là que le Wrangler gagne des points.

Pour son côté historique, d’abord. Le Wrangler, c’est le descendant spirituel du Willys, ce petit véhicule à tout faire qui a servi l’armée américaine durant la Deuxième Guerre mondiale.

Et ce qui fait la beauté de ce modèle, c’est qu’il a très peu changé depuis tout ce temps. Certes, le Wrangler s’est modernisé. Jeep n’a pas eu le choix. Mais il conserve une aura très similaire à celle du vieux Willys. Et ça, ça signifie qu’encore aujourd’hui, on priorise les capacités hors route au confort et aux performanc­es routières. Illogique? Peut-être. Mais il suffit de jeter un oeil aux ventes du modèle pour réaliser que la demande est bel et bien là. Encore l’an dernier, Jeep en a vendu 18 277 exemplaire­s au Canada. Ça dépasse les ventes de VUS pas mal plus classiques comme le Subaru Forester, le Honda HR-V ou le Nissan Murano.

AMENEZ-EN, DU GAZ !

Quelle que soit la version que vous choisirez, le Wrangler demeure essentiell­ement le même véhicule.

Un seul moteur est proposé, un V6 de 3,6 litres développan­t 285 chevaux et 260 livres-pieds de couple. Une transmissi­on manuelle à six vitesses est offerte de série et une boîte automatiqu­e à cinq rapports peut aussi être commandée.

Avec tout ça, attendez-vous à devenir le meilleur ami des pétrolière­s.

Durant ma semaine d’essai, j’ai compilé une moyenne de consommati­on de 14 L/100 km. Il y a des VUS pleine grandeur qui font mieux que ça.

Faut dire qu’avec son aérodynami­sme de livre de beurre, le Wrangler ne s’aide pas. Mais c’est ce qui fait son charme, il paraît! Oui, le Wrangler se doit de demeurer fidèle à ses origines, mais je ne

vois pas comment une meilleure consommati­on d’essence pourrait nuire.

Au moins, cela vous donne droit à un système à quatre roues motrices, dont la réputation parle d’elle-même. Avec un Wrangler entre les mains, les bancs de neige québécois deviennent un véritable terrain de jeu. La définition de la conduite hivernale prend alors tout un autre sens.

Puis, une fois l’été arrivé, libre à vous de vous débarrasse­r du toit. C’est compliqué sans bon sens, mais c’est faisable. Même les portières peuvent être retirées sans trop d’efforts! Ça fait partie de la magie du Wrangler. Ça et les gros terrains de boue, bien entendu.

Avec le modèle à deux portes, l’espace intérieur est à peu près inexistant, tant dans le coffre que pour les passagers arrière. Le modèle à quatre portes est peut-être un peu moins joli, mais il est franchemen­t plus pratique.

en attendant du nouveau

D’ici la fin de l’année, Jeep présentera une toute nouvelle génération du Wrangler, qui devrait arriver chez les concession­naires quelque part en 2018.

On en sait encore très peu, mais des rumeurs de motorisati­on hybride ou au diesel se font déjà entendre. Jeep aurait aussi l’intention de commercial­iser une version pickup de son Wrangler!

En attendant tout ça, le Wrangler 2017 demeure celui de la génération JK, la même qu’on nous propose depuis 2007.

Le modèle de base est offert à partir de 28 695$, mais il faut débourser au minimum 36 495$ pour une version à quatre portes. Ce n’est pas donné, mais le Wrangler se rattrape avec une valeur de revente complèteme­nt hallucinan­te. Regardez sur les sites de petites annonces, juste pour le plaisir. Un Wrangler d’occasion se vend presque aussi cher qu’un neuf.

C’est ça, le Jeep Wrangler. Un véhicule qu’on achète avec son coeur, et pas sa tête. Et vous savez quoi? C’est parfait comme ça.

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