Le Journal de Montreal

Kipchoge ouvre une nouvelle ère

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MONZA | (AFP) Rejeté pour 25 secondes au-delà du seuil mythique des deux heures sur la distance du marathon (42,195 km), le Kényan Eliud Kipchoge n’en a pas moins ouvert, hier sur l’autodrome de Monza, une nouvelle ère en repoussant le curseur des limites humaines.

Si le champion olympique du marathon a bénéficié de conditions particuliè­res et d’une technologi­e d’avantgarde, qui empêchent l’homologati­on de la performanc­e par la Fédération internatio­nale d’athlétisme (IAAF), il a néanmoins retranché 152 secondes au record du monde de Dennis Kimetto.

«Peut-être la prochaine fois... Mais je peux désormais dire qu’il est possible pour un humain de courir en dessous des deux heures», a déclaré Kipchoge, maillot rouge et short noir, qui s’est affalé sur la ligne d’arrivée avant de se relever rapidement.

Son compatriot­e avait établi sa marque planétaire le 28 septembre 2014 à Berlin, où l’épreuve est roulante.

Le défi technologi­que et l’imposante opération marketing imaginés par l’équipement­ier américain Nike visaient à optimiser un ensemble de conditions et d’éléments.

Le juge italien Luca Verrascina, du comité technique de l’IAAF, a qualifié la course d’exhibition assortie d’une grande performanc­e.

Mais il a aussi rappelé que, si la distance avait été contrôlée et certifiée, l’action des lièvres qui pouvaient se reposer pour se relayer par groupe de six en flèche, le ravitaille­ment sans restrictio­n depuis les bicyclette­s et la voiture ouvreuse trop proche des athlètes constituai­ent autant de raisons de ne pas inscrire le chrono dans le livre officiel des records.

Qui sont d’ailleurs relatifs sur route, compte tenu du dénivelé notamment.

AUTRES PERFORMANC­ES

Outre Kipchoge, deux autres marathonie­ns de très haut niveau ont pris part à la tentative: l’Éthiopien Lelisa Desisa, vice-champion du monde 2013, et l’Érythréen Zernesay Tadese, détenteur du record du monde du semimarath­on (58:23).

Mais Desisa, qui a terminé en 2h 14:10, n’a pas tenu le rythme imposé au-delà du cap de la première heure. Tadese, pour sa part, a lâché juste après, signant néanmoins son record personnel en 2 h 06:51.

Sans surprise, la tentative reposait alors sur les jambes d’un seul homme. Après 30 kilomètres, Kipchoge, 32 ans, était encore à la seconde près sur la base de deux heures pile sur la distance.

Mais Kipchoge, champion du monde du 5000 m en 2003 à Paris à seulement 18 ans, est aussi humain. Pas comme la voiture qui avançait devant lui à vitesse constante en indiquant le seuil des deux heures avec un rayon laser de couleur verte projeté au sol.

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