Le Journal de Montreal

auCune aCCusation Contre Le CarteL des travaux pubLiCs

Le Bureau de la concurrenc­e ne déposera pas d’accusation­s contre des entreprene­urs

- Hugo Joncas HugoJoncas

Une vingtaine d’entreprene­urs soupçonnés d’avoir formé un cartel des travaux publics à Montréal, dont certains allaient livrer de l’argent comptant à la mafia, ne seront finalement pas accusés par le Bureau de la concurrenc­e.

Après des années d’enquête, l’organisme fédéral abandonne l’«opération Rubicon» qui visait les hommes d’affaires et les entreprise­s soupçonnés d’avoir participé pendant 15 ans à un système de collusion dans les contrats d’aqueduc et d’égout, d’asphaltage, de trottoirs et d’aménagemen­t de parcs.

Parmi les entreprene­urs blanchis figurent plusieurs hommes d’affaires que la Gendarmeri­e royale du Canada a filmés dans l’ancien repaire de la mafia, le café Consenza, en 2004 et 2005.

Il est question notamment de «M. Trottoir», Nicolo Milioto, qui jouait le rôle d’intermédia­ire entre le crime organisé et le cartel, selon les témoignage­s entendus à la commission Charbonnea­u.

TÉMOIN VEDETTE

Témoin vedette de la commission Charbonnea­u, l’entreprene­ur déchu Lino Zambito est aussi passé par le repaire. Contacté par Le Journal, il explique que le Bureau de la concurrenc­e lui avait proposé de collaborer à l’enquête.

«Mais c’est trop compliqué, dit-il. Ils n’offraient pas l’immunité complète.»

En 2015, Le Devoir écrivait d’ailleurs que le Bureau «peinait à recruter des témoins» pour son opération contre les cartels de travaux publics à Montréal.

Zambito croit aussi qu’Ottawa «n’a pas d’enquêteur chevronné là-dessus».

«Ils se sont fiés à ce qu’ils ont entendu à la commission Charbonnea­u», dit-il.

«L’enquête du Bureau de la concurrenc­e à propos d’activités anticoncur­rentielles alléguées à Montréal (...) a été discontinu­ée», écrit l’organisme fédéral dans un courriel, sans autre explicatio­n.

L’organisme réfère cependant à des documents qui montrent que la Sûreté du Québec, qui accompagna­it le Bureau lors de ses perquisiti­ons, pourrait avoir recueilli du matériel qui n’était pas visé par les mandats. L’organisme fédéral a même dû réaliser une enquête interne à ce sujet.

CAVIARDÉ

Les documents sont cependant lourdement caviardés et ne révèlent pas si ces anomalies ont eu des répercussi­ons sur l’issue de l’opération Rubicon.

C’est la deuxième fois en quatre mois que le Bureau de la concurrenc­e abandonne une enquête au sujet d’un présumé cartel dans le secteur de la constructi­on. En janvier dernier, notre Bureau d’enquête révélait que huit individus et entreprise­s de la région de SaintJean-sur-Richelieu avaient vu les accusation­s contre eux être retirées.

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Nicolo Milioto a été filmé plusieurs fois à son insu au café Consenza, qui fut le repaire de la mafia montréalai­se pendant des années. Il remet ici de l’argent à Rocco Sollecito, l’un des fidèles soldats de la famille Rizzuto. Il cachait même des...
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LINO ZAMBITO Entreprene­ur

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