Le Journal de Montreal

Le Parti libéral voulait cacher 41 mots-clés, dont «fraude»

Ces mots ont permis aux avocats du PLQ de garder secrets 65 documents

- Alexandre Robillard @arobillard alexandre.robillard @quebecorme­dia.com

Après la perquisiti­on de ses bureaux, il y a trois ans, le Parti libéral du Québec avait peur que certains documents contenant les mots «fraude», «contrats» et «Violette Trépanier» se retrouvent entre les mains des enquêteurs de l’UPAC, a appris notre Bureau d’enquête.

Un protocole conclu avec les autorités judiciaire­s établit une liste de 41mots, liste qui a permis au PLQ d’empêcher l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) d’accéder à du matériel saisi en juin 2014.

Hier, la formation politique a invoqué son devoir de «transparen­ce» en révélant dans un communiqué que 65document­s ont finalement été retirés du matériel perquisiti­onné.

Cette informatio­n a été rendue publique à la suite d’une demande formulée vendredi dernier par le Bureau d’enquête.

Selon le PLQ, la Cour supérieure a approuvé ce retrait afin de protéger la confidenti­alité des communicat­ions entre un client et son avocat.

LES SECRETS DE VIOLETTE

Le protocole intervenu avec le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) en novembre 2014 prévoyait, entre autres, que toutes les données contenant le nom de la directrice du financemen­t du PLQ, Violette Trépanier, soient remises à un avocat de la formation.

Celui-ci devait ensuite déterminer lesquelles pourraient compromett­re le privilège de la confidenti­alité entre un avocat et son client.

Mme Trépanier, à l’emploi du PLQ jusqu’en mars 2014, a témoigné devant la Commission Charbonnea­u un peu plus de deux mois plus tard.

La semaine dernière, Le Journal a rapporté qu’elle avait omis plusieurs faits concernant ses activités d’influence visant le gouverneme­nt libéral de Jean Charest.

Les noms des avocats Michel Décary et Félix Rhéaume, qui ont conseillé Mme Trépanier durant son témoignage, font également partie des mots-clés.

Hier, il a été impossible de savoir lesquels des 41mots-clés étaient dans les documents qui ont été retirés. Le DPCP, qui a conclu le protocole avec la formation, n’a pas fait de commentair­es.

«FAUSSE TRANSPAREN­CE»

Le député de la Coalition avenir Québec, Simon Jolin-Barrette, s’est étonné que le gouverneme­nt de Philippe Couillard contredise ainsi son engagement à faire preuve de transparen­ce.

«C’est une situation qui est inquiétant­e. La question qui se pose c’est: qu’est-ce que le PLQ a à cacher?»

Le député de Québec solidaire Amir Khadir a accusé les libéraux de faire de l’obstructio­n.

«Cette fausse transparen­ce est du même type que celle de Jean-Louis Dufresne, qui a révélé ses liens avec Marc Bibeau alors qu’il savait que les médias s’apprêtaien­t à dévoiler l’histoire.»

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