Le Journal de Montreal

Des sinistrés à bout de nerfs

De nombreux citoyens touchés par les inondation­s n’ont pratiqueme­nt pas fermé l’oeil depuis une semaine

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LE JOURNAL | De nombreux sinistrés sont à bout de force et rêvent d’une bonne nuit de sommeil après avoir passé des jours à travailler d’arrache-pied pour sauver leur maison des inondation­s.

«J’ai des hallucinat­ions auditives tellement je suis fatiguée, je suis rendue que j’entends de la musique dans le bruit de la pompe», dit la sinistrée d’Oka, Lucie Octeau, qui lutte contre l’eau depuis près d’une semaine.

La dame et son conjoint René Boily, aidés par des amis, des voisins et même de purs inconnus, ont réussi à ériger des murs de sacs de sable tout autour de leur maison et ont évité le pire... jusqu’à maintenant.

«On a neuf pompes ici, et si une seule nous lâche, on perd la maison. Il faut surveiller sans relâche, dit Mme Octeau. C’est comme si j’avais 108 ans. On est exténués, on a mal partout et rien n’est gagné.»

800 ÉVACUÉS DE PLUS

Même si le niveau du lac des Deux-Montagnes et des rivières des Outaouais et des Prairies ont redescendu de quelques centimètre­s dans les derniers 24h, les citoyens sinistrés du secteur sont loin d’être au bout de leur peine. La montée se poursuit plus à l’est et touche actuelleme­nt Lanaudière et la Mauricie (voir page 11) où les autorités se préparent au pire.

Le nombre de personnes évacuées dans la province a d’ailleurs considérab­lement augmenté depuis lundi, passant de 1940 à 2721 personnes hier soir. Au total, 3882 résidences sont maintenant inondées dans 166 municipali­tés. Dans le secteur de Montréal, il y a 397 résidences inondées et 308 personnes évacuées.

À Pierrefond­s, des résidents continuent de pomper l’eau de leur sous-sol et ont hâte d’avoir une vraie nuit de sommeil.

«Tu n’imagines jamais que ça va durer aussi longtemps. Mais l’eau continuait de monter», dit John Parker, 70 ans.

VILLE FANTÔME

Sa maison de la rue Coursol est encerclée par les eaux et sa cour est complèteme­nt inondée au point où l’eau dépasse le niveau des fenêtres de la cave.

«La semaine dernière, il fallait se lever toutes les deux heures pour surveiller les pompes», ajoute sa femme, Lynn PorterPark­er.

À Gatineau le calme était revenu hier dans les secteurs touchés et le niveau de l’eau commençait à baisser.

Même chose à Rigaud, qui avait l’air d’une ville fantôme en bordure des rues inondées, où des gardiens de sécurité postés devant les rues bloquaient tous les accès aux maisons, même aux propriétai­res. — Avec Benoît Philie, Dominique Scali, Marie-Ève Dumont et Geneviève Quessy

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Lucie Octeau (à droite) et son conjoint René Boily (en orange) d’Oka ont érigé un mur de sacs de sable avec des bénévoles.
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